4.Retour au Comptoir

Après s'être raconté leurs expériences respectives tout en dégustant du sanglier braisé, les explorateurs ne trainèrent pas plus longtemps. Ils retournèrent au campement où Gawyn, Blake et Urin avaient laissé leurs chevaux et y passèrent la nuit. A l'exception de Blake qui s'était portée volontaire pour monter la garde durant toute la nuit, tous dormirent comme des masses et rien ne vint déranger leur sommeil.

Spoiler:

Le lendemain matin, le trajet de retour à travers la plaine se déroula sans encombre et il devait être la fin de l'après-midi lorsque la familière palissade du comptoir apparut à l'horizon. Ils purent s'apercevoir qu'il y avait eu du nouveau durant leur absence : lorsqu'ils se rapprochèrent, ils avisèrent deux silhouettes en armure étaient postées au sommet des tours de garde.

- Bonne nouvelle, les renforts en provenance de Restov sont enfin arrivés, les bandits ne se risqueront pas à venir attaquer le comptoir maintenant,déclara Weiss avec soulagement. Oleg et Svetlana pourront enfin dormir sur leurs deux oreilles...

- Ils dormiront mieux quand on s'en sera définitivement débarrassés, si vous voulez mon avis, Mademoiselle Schnee. répliqua Gawyn.

Weiss leva les yeux au ciel et adressa une grimace peinée à l'attention de Thom, qui pouffa de rire, tout en haussant les épaules.


Ils finirent par entrer dans le fortin et constatèrent que Oleg était en discussion animée avec un homme d'une bonne trentaine d'années au visage renfrogné, visiblement un officier de Restov.
Gawyn descendit de sa monture et s'étira un court moment pour soulager ses muscles ankylosés. Il se dirigea vers le tenancier et l'officier, tenant son heaume sous le bras. Il salua brièvement Oleg puis se tourna vers l'officier :

- Bonjour Messire, je suis heureux que vous soyez là pour protéger le comptoir.  Je suis Messire Gawyn de la maison Damodred de Varisie et voici mes valeureux compagnons.
Le chevalier désigna ses camarades, qui descendaient à leur tour de leur cheval, et poursuivit : Nous avons été chargés d'exercer la justice dans les Terres Volées au nom des Seigneurs des Epées et nous ferons de notre mieux pour nous acquitter de notre tâche.



Le soldat dévisagea Gawyn en silence mais ne répondit pas et ce fut Oleg qui le présenta :

- Je vous présente Kesten Garess, il est arrivé juste hier, avec quatre gardes pour protéger le comptoir. Je lui disais que vous aviez déjà réglé le compte de ces maudits bandits. Mais leur protection est la bienvenue, au cas où leurs potes auraient le cran de se pointer ici. On les attend de pied ferme !

Spoiler:

Le nom de Kesten Garess dit quelque chose au paladin. Ce nom lui évoquait une histoire d'un noble qui aurait eu une liaison avec la fille d'un tisserand, ce qui provoqua un scandale retentissant au sein de sa famille. Son père l'aurait déshérité et on racontait qu'il serait venu se réfugier à Restov pour gagner sa vie en tant que mercenaire. Maintenant qu'il y réfléchissait, cela ne pouvait être que lui. Il se sentit désolé pour le mercenaire, mais n'émit pas de commentaire, cela ne se faisait pas de réveiller les blessures du passé.

Il se tourna vers Oleg :

- Au fait, puisqu'on parle de brigands... Comment se portent les prisonniers ?

- Ils se tiennent tranquilles, grogna le propriétaire du comptoir. Mais je pourrai pas les garder indéfiniment, c'est un comptoir commercial, pas une prison ! Avez-vous enfin décidé de ce que vous allez en faire ? Kesten m'a dit qu'il voulait bien les emmener à Restov pour les faire pendre si vous voulez ...

Réagissant au nom de Garess, Weiss s'avança aux cotés du paladin et s'inclina tout en effectuant une brève révérence.

- Enchantée de faire votre connaissance, Messire Garess, mon nom est Weiss Margaret Schnee. Mais dites-moi, que peut bien faire un membre de la maison Garess dans un endroit si... inhospitalier ?

- J'ai mes raisons et elles ne regardent que moi, grommela Kesten en observant la nouvelle venue d'un air contrarié. Je pourrais d'ailleurs vous poser la meme question.

Weiss rougit. Kesten n'avait pas tort, on ne trouvait pas beaucoup plus de Schnee dans les Terres Volées... Elle se dit qu'il avait dû avoir des ennuis avec sa famille, pour finir par échouer ici, tout comme elle. Mais la comparaison s'arretait là. Contrairement à ce Kesten, Weiss était fermement déterminée à ne pas moisir dans les Terres Volées dans l'anonymat le plus total.

Elle entendit alors la conversation entre Oleg et Gawyn au sujet des prisonniers et intervint :

- Malheureusement, cela ne sera pas possible, Oleg, nous avons convenu de les juger nous-memes. Mais vous avez raison, nous ne pouvons pas repousser leur sort plus longtemps, nous allons donc nous en charger ce soir. Cela vous convient-il Messire Gawyn ?

Le paladin hocha la tete :
- Très bien, nous les jugerons après le diner.

- Ah tiens, maintenant que j'y pense, fit Kesten avec une étrange lueur dans les yeux. Parmi vos prisonniers - ou ceux que vous avez tué - y a pas un vieux varisien aux cheveux gris, par hasard ? Un certain Falgrim Sneeg ?



Gawyn et Weiss se regardèrent un moment puis la magus répondit :

- Non, aucun ne correspond à ce profil, que ce soit parmi les trois prisonniers, ou ceux que nous avons occis d'ailleurs. J'en suis certaine, je ne risque pas d'oublier le visage de la charogne puante que j'ai expédié dans les bras de Pharasma. Mais pourquoi nous demandez-vous cela ? A-t-il une importance particulière pour vous ?

Le mercenaire soupira :
- Ca s'est passé il y a trois mois. Je faisais partie de l'escorte d'un caravane de marchands qui devait emprunter la route du Sud du Rost. Falgrim Sneeg était l'un de mes hommes. Un soir, ce gredin a glissé un somnifère dans nos rations et on s'est tous écroulés comme des masses. Bien sur, à notre réveil, il n'y avait plus trace de lui. Il s'était enfui avec la moitié des marchandises, causant l'une des pires humiliations de ma carrière. Je ne suis pas certain, mais il y a de grandes chances qu'il se soit réfugié dans la Ceinture Verte. Du coup, puisque vous etes en train de traquer tous les bandits, j'ai un petit service à vous demander...

- Vous voulez qu'on le capture pour vous, c'est bien ça ?, devina Gawyn.

- Exact jeune homme, j'ai un vieux compte à régler avec lui, confirma-t-il avec un sourire carnassier. Si vous me le ramenez, vivant si possible, je pourrai vous récompenser. J'ai quelques contacts avec de très bons forgerons de Restov. Je pourrais vous obtenir des armes de très belle facture, qu'est-ce-que vous en dites ?

- Je comprends parfaitement votre position, Messire Garess. Nous avons le devoir de pacifier cette région, et il est hors de question de laisser courir des crapules dans le genre de ce Sneeg.

- Je vous remercie, Messire Gawyn. Je vous souhaite bonne chasse. Si vous me cherchez, je suis dans ma tente, près du mur d'enceinte.

Sur ces mots, il prit congé et s'éloigna d'une démarche militaire en direction des deux tentes qui avaient été installées près de la palissade.

Thom Merrilin n'avait pas perdu une miette de la conversation entre ses amis et le soldat qui s'était présenté sous le nom de Kesten Garess. Il avait fait mine de panser son cheval mais il avait prêté une oreille attentive à leurs propos.

Il était sur le point d'aller les retrouver quand il aperçut Blake qui tentait de rejoindre le bâtiment principal, les bras chargés de paniers d'osier en équilibre précaire.

- Hé, où allez-vous comme ça Mademoiselle Blake ? Vous êtes sure que vous allez arriver à porter tous ces paniers ?

La demi-elfe se retourna, surprise.

- Je ne suis pas très douée pour faire la conversation, donc je me suis dit que je ferais mieux d'apporter les radis lunaires à Svetlana plutôt que d'attendre que nos deux amis aient fini de papoter. Urin est déjà parti lui...

- Ah, ce gredin de nain, il a déjà filé ! Mais tenez, je vous accompagne. J'ai envie de voir ce que la douce Svetlana nous a concocté de bon pour le diner de ce soir. J'en ai un peu assez de rations de survie, pas vous ?

Blake haussa les épaules et tous deux entrèrent dans le bâtiment d'où s'élevait un délicieux fumet d'agneau rôti. La tenancière était dans la cuisine et s'affairait à napper la viande d'une sauce caramélisée. Lorsqu'elle s'aperçut de leur arrivée, son visage s'illumina.

- Ah mais je vois que nos héros du Rost sont de retour ? Je suis heureuse de vous voir sains et saufs ! Tout s'est bien passé ?

Blake hocha la tête et montra les paniers remplis de radis à la tenancière :

- Nous les avons trouvés durant notre expédition en foret, et j'ai pensé à vous en rapporter quelques paniers., souffla-t-elle avec sa réserve habituelle.

- Des radis lunaires ! C'est... vraiment très gentil de votre part, mademoiselle Blake ! Mon chéri en raffole. C'est bientôt son anniversaire, je vais pouvoir lui faire sa soupe préférée. Comment puis-je vous remercier ?

- Mais c'est tout naturel, voy... commenaça Thom en s'inclinant.

Il se tut lorsqu'il vit Svetlana ouvrir un coffre situé dans un coin de la pièce et en sortir une bourse pleine de pièces d'or.

- Pour vous exprimer ma gratitude, prenez cet argent, vous le méritez amplement, déclara-t-elle les yeux embués de larmes. Elle tendit la bourse à Blake.

- Je ne sais pas si... bredouilla la tueuse. Une bourse pleine d'or pour une poignée de légumes qu'ils n'avaient même pas cueillis eux-mêmes ? Elle devait être en train de rêver, se dit-elle.

- Ce n'est pas seulement pour les radis, mais en remerciement pour tout ce que vous faites pour nous. Bon, excusez-moi mais je dois finir de préparer cet agneau, sinon les soldats vont se mettre à râler. C'est qu'ils ont un appétit d'ogres, vous savez ? Bien sur vous vous joindrez à nous tous les cinq ?

- Bien évidemment, Madame. Comme pourrions-nous nous passer de votre délicieuse cuisine ? lança Thom avec un clin d'oeil.

Svetlana rougit et retourna à ses fourneaux. Pendant qu'elle réalisait les dernières retouches à l'agneau rôti, elle se tourna vers Blake.

- Au fait, avez-vous pu donner votre lettre à Breeg, mademoiselle Blake ?

La demi-elfe secoua la tete.

- Pas encore, mais je finirai bien par le croiser un jour ou l'autre.

- Je ne sais plus si je vous l'avais dit la dernière fois, mais il traîne généralement à l'ouest de la forêt.

- A l'ouest ? J'en prends bien note, merci beaucoup Svetlana, fit la jeune demi-elfe.

- De rien, c'est bien normal de vous aider. Sinon, le repas est prêt, vous pouvez aller prévenir vos amis !

Après le copieux repas, qui s'était avéré délicieux, et quelques discussions et parties de cartes avec les gardes pour certains, les explorateurs se dirigèrent vers la chambre qui tenait lieu de prison de fortune, accompagnés d'Oleg et de Kesten. Les aventuriers allaient maintenant procéder au "procès" des bandits, comme Weiss et Gawyn en avaient convenu.

Après avoir sorti les trois bandits de leur cellule, préalablement menottés, ils les regroupèrent dans la cour du comptoir.

Après un bref moment de flottement, Happs Bydon brisa le silence :

- Vous allez nous livrer aux gardes, pas vrai ? Je me disais bien qu'on allait pas rester vivants bien longtemps, ricana-t-il. Mais son ton moqueur ne parvenait pas à dissimuler son appréhension à l'idée de finir pendu.

- Personne ne vous a demandé de parler, intima Gawyn, menaçant. Vous pouvez remercier Mademoiselle Schnee, c'est elle qui a eu l'idée de ce procès.

- Un procès ? fit l'un des brigands, perplexe. Vous allez vraiment nous accorder un procès ?

- C'est exact, répondit Weiss. Nous vous donnons l'occasion de vous défendre et de vous repentir de vos actes. La parole est à vous, Gawyn. Que reprochez-vous à ces trois hommes ?

- Je leur reproche d'avoir commis des actes abjects de brigandage. D'avoir terrorisé et menacé Oleg et sa femme, ainsi que d'avoir semé la terreur dans les Terres Volées et en dehors. D'avoir violé, pillé, tué pour assouvir leurs petits désirs égoistes ! Voilà ce que je leur reproche, et par Iomédae, ils répondront de leurs actes !, rugit le paladin.

Spoiler:

- Je n'ai rien à rajouter à ce qu'a dit votre ami le chevalier, ces ordures n'ont que ce qu'ils méritent, grogna Oleg. Bon, vous me prévenez quand vous en aurez fini avez eux, je dois aller réparer le toit de l'écurie.

- Qu'avez-vous à dire pour votre défense ? C'est à vous que je m'adresse, Happs, ainsi qu'à vos camarades. poursuivit Weiss, en se tournant vers les trois bandits.

Happs resta silencieux mais ses acolytes avaient paru secoués par la diatribe du paladin. L'un d'eux, un rouquin dégingandé se leva et répondit, la bouche sèche :

- Matt Riley qu'on m'appelle, mad'moiselle. J'ai rejoint les brigands le mois dernier seul'ment. Avant, j'étais charpentier à Restov, mais j'ai perdu mon boulot et j'ai fini dans la rue. Je voulais pas crever de faim alors je m'suis mis à voler. Je sais que c'est pas bien de voler, mais j'avais pas le choix, vous savez ? J'ai fini en taule mais j'ai réussi à m'évader. Je me suis enfui dans les Terres Volées et c'est là que je suis tombé sur Kressle et Happs. Je vous jure que j'ai tué personne pendant tout ce temps, je le jure sur la tombe de ma pauvre mère.

- Intéressant, commenta Thom, tout en notant le récit du brigand sur un bout de papier. Desna n'a pas été tendre avec vous, mon pauvre. Vous regrettez donc sincèrement vos actes ?

Le bandit hocha vigoureusement la tête.

Bien, au suivant, enchaina Weiss, en désignant le second brigand avec sa rapière.

- Moi c'est Ben Gunn. déclara ce dernier, un homme sec au crâne dégarni. J'ai tué mon meilleur ami lors d'une bagarre qu'a mal tourné. Une histoire avec une nana, vous voyez le genre. Ca date d'il y a un an, je sais plus trop. J'avais les gardes sur le dos, alors je me suis retrouvé ici. Faut dire qu'on est bien planqué, et qu'on mène la belle vie avec Kressle et les autres potes. Qu'est-ce vous voulez qu'je vous dise d'autre ? J'étais déjà un criminel avant meme d’être devenu un brigand, ma vie était déjà foutue... Alors ça a été facile d'en devenir un.

- Vous ne semblez pas regretter vos actions, fit remarquer Gawyn, la main crispée sur la poignée de son épée.

- Ce n'est pas exactement ce qu'il a dit, Gawyn, intervint Blake.

Toute l'attention se focalisa sur elle et elle se recroquevilla sur son banc.

- Je veux dire... Sa vie était déjà détruite quand il a tué son ami. Vous auriez fait quoi à sa place ?

- Je me serais livré aux gardes et tout fait pour laver le crime que j'aurais commis. Mais telle n'est pas la question, Mademoiselle Blake. Il est inutile de leur accorder des circonstances atténuantes, le fait est qu'ils doivent payer pour leurs crimes.

Faute d'arguments convaincants, Blake ne répondit pas et Thom intervint :

- Vous etes un paladin de Iomédae, Messire Gawyn, alors écoutez-moi s'il vous plait. Vous le savez mieux que quiconque : La véritable noblesse d’âme est dans le pardon plutôt que dans le châtiment, car elle offre l'opportunité au criminel de réparer les torts qu'il a causé. Vous n'etes pas d'accord ?

- C'est beau ce que vous dites, Messire Thom. Vous ne nous aviez pas dit que vous étiez en réalité un prêtre de Sarenrae, plutôt qu'un barde, plaisanta Weiss.

- Bien essayé Thom, mais je ne suis pas d'accord avec vous. grommela Gawyn. A quoi sert la justice du Brévoy si ce n'est à punir les crimes ? Ce n'est pas aux hommes de pardonner, mon cher ami, mais aux dieux. Et je doute fort que la Sainte Héritière accorde sa miséricorde divine à des violeurs et des tueurs. Quant à moi, je n'accorderai pas la mienne.

- Très bien, Messire Gawyn, votre avis est pris en compte, coupa Weiss. Il ne reste plus que Happs.

- Je vous souhaite bien du courage avec celui-ci, ricana Urin.

Le nain avait écouté les arguments de ses camarades et n'était pas intervenu. Le sort des brigands lui importait peu mais il était curieux de voir quelle décision ils allaient prendre à la fin de ce procès improvisé.

Happs se leva, l'air goguenard.

- Vous savez déjà comment je m'appelle. Et mes crimes vous les connaissez aussi, hein Kesten ?

Le mercenaire serra les poings.

- En effet, Happs Bydon, vous etes recherché par les Seigneurs des Epées de Restov pour brigandage, meurtre, corruption et proxénétisme.

Il se tourna vers Weiss :

- Inutile de perdre votre temps avec ces vauriens. Je peux m'occuper de les emmener jusqu'à Restov où ils seront pendus.

- Merci, Messire Garess , répliqua la jeune magus.Mais le Rost nous a donné carte blanche pour faire justice nous-memes dans les Terres Volées, et c'est ce que nous allons faire.

Kesten soupira.
- Très bien, Mademoiselle Schnee. Mais ne venez pas vous plaindre si les bandits que vous aurez épargnés vous trahissent un jour...

Sur ces mots, il tourna les talons et retourna dans ses quartiers.

Pendant ce temps, Thom s'était approché de Happs.

- Ecoutez mon brave. Je sais que vous ne voulez pas mourir et je sais aussi que vous etes brigand parce que, comme beaucoup de vos camarades, vous n'avez plus de chance de mener une vie honnête. C'est peut-être vrai à Restov, mais les Terres Volées sont différentes. Bien sur, nous allons éradiquer le banditisme et les autres menaces de cette contrée, mais c'est pour fonder un territoire libre pour que tous les exilés dans votre genre puissent recommencer leur vie sans devoir en passer par le vol et le meurtre de son prochain.

Spoiler:

- C'est vrai ce que tu racontes ? ça me parait trop beau pour être vrai, ton histoire.

Thom sourit. Le mépris du bandit était de façade. De fait, il devait être terrifié à l'idée de finir pendu, et il devait déjà commencer à s'imaginer recommencer sa vie dans la Ceinture Verte...

- Cela ne dépend que de vous, répondit-il avec un clin d'oeil, avant de se rasseoir à coté de Weiss.

- On peut avoir un moment pour discuter entre nous ?, demanda Happs aux aventuriers.

- Qu'est-ce que vous manigancez encore ?, fit Gawyn soupçonneux.

Accordé, répondit Weiss. Nous n'allons pas tarder à délibérer de notre coté, également.

Les brigands se regroupèrent alors dans un coin de la cour et discutèrent pendant quelques minutes. Quand ils eurent terminé, ils se placèrent en face des cinq "jurés" et Happs prit la parole, toute trace de mépris ayant disparu de son visage.

- On a décidé de se repentir de nos actes, et on veut bien avoir une chance de nous racheter, déclara-t-il.

Les aventuriers avaient laissé les bandits dans la cour (sous la surveillance des gardes) et s'étaient réunis dans une chambre pour délibérer.

- Comme prévu, nous allons procéder à un vote, annonça Weiss. Soit nous décidons de les condamner à mort, soit nous décidons de commuer leur peine en une autre sentence que nous définirons ultérieurement.

- Très bien, alors je commence, intervint Gawyn. Ma décision n'a pas changé. Nous ne devons pas avoir pitié des criminels. Ils doivent quand meme payer pour leurs crimes, meme s'ils se repentent. Les dieux accepteront peut-etre leur repentir, mais il y a des lois et nous devons les appliquer, par Iomédae ! Je vote pour la condamnation à mort.

- Je vote contre, déclara Weiss. Détrompez-vous, je déteste tout autant que vous les brigands et je désire les éradiquer des Terres Volées. En Andoran, ils sont pendus haut et court, tout comme au Brévoy, et je ne compte pas toutes les attaques de bandits que la maison Schnee a du essuyer. Au départ, je souhaitais également les faire exécuter, mais les paroles de Thom m'ont fait changer d'avis. Il y a plus de noblesse dans le pardon que dans le châtiment et je sais que Abadar approuverait mes paroles. Toutefois, je n'ai jamais dit qu'ils ne paieront pas pour leurs crimes, j'ai pensé à les faire travailler pour Oleg pour rembourser le mal qu'ils ont fait aux Léveton.

- Travailler pour Oleg ? C'est une bonne idée, Mademoiselle Schnee, l'un d'eux est un ancien charpentier d'ailleurs. Il va sans dire que je ne suis pas favorable à leur exécution, surtout qu'il ne s'agit que de sous-fifres, et non des tetes pensantes. renchérit Thom.

- Je sais ce que c'est que de n'avoir sa place nulle part et de devoir se débrouiller pour survivre, déclara Blake. Je suis devenue une mercenaire honnête mais seuls les dieux savent ce qui serait advenu de moi si j'avais choisi la voie du crime. Tout le monde a le droit a une seconde chance, en tous cas ceux qui regrettent sincèrement le mal qu'ils ont commis.

Gozreh se moque du bien et du mal, mais si je devais donner mon avis, ces bandits ont été vaincus donc ils ne représentent plus aucune menace. Les tuer maintenant ne serait guère respectueux. Si cela ne tenait qu'à moi, je les aurais exilé quelque part dans les Terres Volées, libre à eux de retourner chez leurs camarades ou de recommencer leur vie en devenant trappeurs ou bergers... fit Urin, en croisant les bras.

- Bon, et bien, j'ai l'impression que la majorité désire garder nos invités en vie,fit remarquer Thom avec une oeillade appuyée à l'attention du paladin. Pas trop déçu Messire Gawyn ?

Le paladin soupira.
- C'est votre décision, et je la respecte. En tant que paladin, je ne vais pas à l'encontre des règles. Si j'ai accepté ce procès, je ne vais pas me retourner contre vous parce que je ne suis pas d'accord avec la sentence. Mais j'espère vraiment que vous n'allez pas tenter d'absoudre tous les bandits des Terres Volées...

Une fois leur décision prise, les explorateurs vinrent l'annoncer aux trois brigands. Ils seraient consignés au comptoir jusqu'à nouvel ordre, sous l'étroite surveillance des gardes, et devraient travailler gratuitement pour le compte des Léveton pour réparer leurs méfaits.

Les brigands parurent profondément soulagés de cette nouvelle et remercièrent les aventuriers.

Le lendemain, Gawyn réunit ses camarades.

- Je propose que nous nous rendions au camp de l'Epine, l'élimination de ces bandits doit être une priorité. J'espère que vous n'allez pas me dire qu'il en hors de question cette fois-ci, déclara-t-il en serrant les poings.

- Rassurez-vous, Gawyn, je suis de votre avis, cela doit etre notre priorité. Cela va bientôt faire quatre jours que nous avons vaincu Happs et ses hommes, et Kressle et ses sbires risquent de se demander ce qui a pu leur arriver. Nous ne devons pas tarder.

Blake hocha la tete.

- Je vais m'occuper de préparer nos rations de voyage, la viande de sanglier devrait suffire, nous devrions être au camp au plus tard demain matin.

Bientôt les cinq compagnons d'aventure préparèrent leurs armes, armures et harnachèrent leurs montures pour l'expédition. Weiss médita sur son grimoire pendant une petite heure pour préparer ses sorts, tandis que Urin alla écouter le murmure du vent matinal lors de sa prière quotidienne.