3-b Repérage et champ de radis (Gawyn, Blake et Urin)

Les terres qui entouraient le comptoir d'Oleg étaient en grande partie des plaines au relief assez plat. Il ne fallut pas plus d'une heure à Gawyn et ses compagnons pour arriver à l'orée de la forêt des Narlmarches. La piste des bandits s'enfonçait dans la forêt et Gawyn soupira. Comme prévu, leurs chevaux ne seraient pas à leur aise à l'intérieur des bois et il s'en livra à ses compagnons, sans doute plus qualifiés que lui en matière d'exploration :

- Devons nous emmener les chevaux à l'intérieur de la foret ? J'ai peur qu'ils nous ralentissent.

- Sans eux, nous irions encore plus lentement, répondit Blake d'une voix étouffée, toujours aussi mal à l'aise pour parler en public. La forêt n'est pas très dense par ici, je pense qu'ils peuvent faire quelques dizaines de kilomètres à l'intérieur sans rechigner. D'ailleurs, les bandits ont traversé la forêt à cheval sans encombre, donc c'est que cela doit être faisable.

Urin approuva du chef en haussant les épaules comme pour lui dire qu'il était seul décideur. Rassuré, Gawyn donna alors le signal pour s'avancer au coeur des bois, ils n'avaient pas un instant à perdre. Progressant à faible allure, ils suivirent la piste laissée par les brigands. Ces derniers n'ayant pas vraiment tenté de camoufler leurs traces, la tâche était plutôt facile.

Bien que murée dans son introversion maladive, c'était Blake qui chevauchait en tête du groupe, de par ses talents innés de pisteuse. Elle semblait à l'aise dans la forêt et Gawyn était bien content qu'elle soit à ses cotés. Quant au nain, son expérience de druide en ferait un allié très précieux dans cette forêt hostile.

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Après plusieurs heures de recherche, ils aboutirent à un petit camp abandonné. En ligne droite et à bonne vitesse, un cavalier pouvait sans doute parcourir la distance qui le séparait du comptoir en quelques heures. Il y avait donc de grandes chances que ce soit dans ce endroit que les bandits aient passé la nuit avant de repartir à l'aube vers le nord. Il ne restait guère plus que les cendres froides d'un feu de bois, les restes d'un repas et de nombreuses traces de bottes et de sabots.

Gawyn descendit de son cheval, et fit un coup de pied dans le chaudron renversé sur le tas de cendres. Il se tourna vers ses compagnons.
- Bon que faisons nous maintenant ? Blake, serais tu capable de suivre les traces de ces bandits jusqu'à leur réel campement, celui où se trouve cette Kressle ?

- Oui je pense pouvoir, mais tu sais bien que Weiss nous a interdit d'aller là-bas. Nous devions faire juste du repérage...

Gawyn hésita, il avait effectivement promis à la magus de ne pas tenter de folie. Mais il avait tellement envie d'en découdre avec les brigands !

- Bon, très bien, nous n'irons pas jusqu'au camp principal. Mais explorons un peu la lisière de la forêt, il y a peut-être des créatures menaçantes qui menacent la tranquillité des habitants de la région, nous ferions mieux de nous en occuper.

]- C'est plutôt vous qui menacez la tranquillité de la nature, grommela Urin dans sa barbe.

- Qu'avez-vous dit messire Nain ?

- Rien, rien. Avançons, avant que la nuit tombe.

- Je vais essayer de voir si je trouve des traces arrivant au camp., intervint Blake.

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Elle traça mentalement un cercle tout autour du campement des bandits et en suivit le pourtour. Au bout d'une dizaine de minutes, elle repéra quelques traces de sabots sur une étroite piste qui s'enfonçait dans les bois. C'était par là que les bandits étaient arrivés à leur campement. La piste partait du camp droit vers le sud mais rien ne garantissait que les bandits avaient fait chemin en ligne droite.

Les explorateurs décidèrent alors de suivre cette nouvelle piste et partagèrent leur temps entre observation des lieux, scrutation de la forêt et création d'une ébauche de carte de l'endroit, ce qui leur prit quasiment tout le reste de l'après-midi et de la soirée. Ils montèrent le camp pour la nuit, chacun se relayant pour monter la garde. Mais rien ne vint troubler leur sommeil cette nuit là.

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Le lendemain matin, après une première nuit de sommeil difficile (par rapport à ce qu'ils avaient l'habitude de connaitre au comptoir d'Oleg), les explorateurs se remirent en route en direction du sud. La piste forestière devenant de plus en plus étroite, ils avaient décidé de laisser leurs chevaux au camp et de poursuivre leur route à pied.

La nuit n'avait pas été de tout repos pour Gawyn, il avait très mal dormi,  se réveillant continuellement à cause d'étranges bruits répétés. Il avait été même content de prendre son tour de garde, au moins comme cela il n'était pas obligé de se coucher sur cet humus glacé. Il progressait lentement, sa chaude cape enroulée autour de lui pour éviter le froid matinal. Il avait l'impression que le soleil ne parvenait pas à percer l'épaisse frondaison des arbres et que la forêt était plongée dans une éternelle pénombre.

Il se retourna. Encore cette étrange sensation. Depuis la veille, il avait l'impression d’être épié. La main agrippée sur son fourreau, il jeta des coups d'oeil méfiants tout autour de lui. Peut-être que des brigands escomptaient les prendre en embuscade...

Blake, qui marchait en tête pour suivre les traces laissées par les brigands, se retourna dans sa direction :

- Que se passe-t-il Gawyn ? Vous avez remarqué quelque chose ? Il n'y a que des animaux sauvages ici, je pense que les brigands sont encore loin.

- Je ne sais pas. J'ai l'impression qu'on nous observe,répondit-il.

- C'est la nature qui vous observe, jeune homme. Elle est l'oeil d'Erastil et de Gozreh, intervint Urin d'un air grave.

Gawyn réprima un frisson. Le nain le mettait toujours mal à l'aise. Il avait l'air de ne pas vraiment apprécier la civilisation, pourquoi diable s'était-il porté candidat pour la pacification des Terres Volées ? Il se promit de lui poser un jour la question.

Ils suivirent la piste durant plusieurs heures quand ils parvinrent à l'abord d'un étroit chemin qui descendait en pente douce. Le clapotis d'une rivière se faisait entendre au loin.

- Il y a une rivière par ici, déclara Blake. Soyons prudents, peut-être que le camp de l'Epine se trouve proche d'ici. Je ne sais pas si c'est une bonne idée de continuer...

Urin renifla bruyamment.
- Cela m'étonnerait beaucoup qu'on tombe sur eux, d'après ce Happs, il faut au moins trois jours pour y arriver. Et à cheval.

- Vous en pensez quoi, Messire Gawyn ? demanda la jeune tueuse.

Mais le paladin n'était plus là. Il avait déjà entamé la descente de la pente, l'épée au clair. Cependant, dans sa précipitation, il ne vit pas que le sol était devenu poisseux et glissant. Il perdit l'équilibre et se mit à dévaler la pente comme un tonneau dans un fracas de métal.

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- Gawyn ! s'écria Blake. Rien de cassé ?

La voix courroucée du chevalier se fit entendre en contrebas.
- Je suis recouvert de boue mais à part ça, je pense que je vais bien. Cette maudite pente est très glissante, faites attention vous aussi.

Blake et Urin descendirent la pente prudemment, scrutant le sol à la recherche éventuelle de plaques verglacées. Ils finirent par aviser une couche huileuse sur le sol, extrêmement glissante. Blake descendit la première et parvint à garder son équilibre lors de sa progression. Elle parvint en bas sans encombre et aida le paladin à se relever. Il était assis sur la berge boueuse de la rivière, le plastron de sa cuirasse recouvert de boue et d'herbe.

- J'ai entendu des rires dans les fourrés quand je suis tombé. Cette flaque de graisse n'était pas naturelle ! se plaignit Gawyn.

Un cri rauque l'interrompit dans sa plainte. Urin venait de glisser à son tour et se retrouva à dévaler la pente à son tour, de la boue plein la barbe. Le visage rouge de honte, il pesta :
- Ce genre d'acrobaties n'est plus de mon âge.

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Après s’être nettoyés en s'aidant de l'eau de la rivière, ils en profitèrent pour remplir leurs outres et se désaltérer.

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Pendant ce temps, Blake scruta le sol à la recherche de traces : la piste continuait tout le long de la berge. Devaient-ils essayer de la suivre au risque de tomber nez à nez avec les brigands de Kressle ? Elle s'en confia à ses compagnons.

- Le camp doit être en aval de la rivière, supposa-t-elle.Maintenant que nous savons à peu près où aller, nous devrions rentrer au comptoir pour attendre Weiss et Thom.

- Sages paroles. Campons ici pour la nuit et demain matin, nous retournerons au comptoir en revenant sur nos pas. commenta Urin.

Spoiler:

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Initiative

1)Blake 1d20+5 donne 21
2)Urin 1d20+4 donne 19
3)Gawyn 1d20+2 donne 19
4)Sanglier 1d20 donne 15

Gawyn était assis sur un tronc d'arbre à la lumière du feu quand il entendit un craquement sonore dans les fourrés. Il se leva brusquement et regarda dans la direction d'où provenait le bruit. La silhouette massive d'un sanglier sauvage lui faisait face. Il piétinait le sol avec agressivité, le fixant de ses petits yeux injectés de sang.

- Réveillez-vous, vite ! hurla-t-il à l'attention de ses camarades endormis. Ils avaient intérêt à vite réagir s'il ne voulaient pas finir embrochés par les défenses de l'animal.

Il n'eut pas le temps de cligner des yeux que Blake s'était déjà placée à ses cotés, entièrement parée au combat. La tueuse avait visiblement dormi avec sa chemise de mailles et n'avait pas trainé pour empoigner son épée double en une fraction de seconde. Elle fixait le sanglier avec un air si concentré qu'il en devenait effrayant. Aux yeux de Gawyn, elle n'avait plus rien de la demi-elfe timide et peu sure d'elle, et il comprenait pourquoi elle avait été choisie par les Seigneurs des Epées pour cette quête.

Urin mit un peu plus de temps à se lever, maugréant dans sa barbe hirsute. Lorsqu'il aperçut le sanglier, il éclata de rire.

- Par Gozreh, un simple sanglier ! Moi qui m'attendais à un dragon ou un truc du genre. Vous avez vraiment besoin de moi pour éloigner ce charmant bestiau ?

- Très drôle, Messire Urin. Vous auriez moins fait le fier avec une défense enfoncée dans l'abdomen...

- Silence, il va attaquer, siffla Blake, oubliant qu'elle s'adressait à un chevalier de la maison Damodred. Préparez-vous, je pense qu'il va charger.

De fait le sanglier commençait à s'agiter davantage et les scrutait tour à tour, sans avoir l'air de vouloir partir. Il allait effectivement passer à l'attaque. Etait-il furieux ou apeuré ? Gawyn n'en savait rien, il n'était pas un érudit en sciences naturelles. Mais dans tous les cas, il était prêt à affronter l'animal.

- Je vous laisse vous en occuper, déclara Urin. Il posa sa main sur l'épaule de Blake. La demi-elfe sentit alors une aura magique se dégager des mains calleuses du nain et l'envelopper telle une chape de brouillard.

- Voilà, maintenant le sanglier ne peut plus vous voir. Que Gozreh vous apporte assistance, jeune fille.

Alors qu'il reculait de quelques pas, Gawyn l'interpella :

- Hé, cela ne vous pose aucun problème qu'on le tue ? Vous êtes un druide, non ?

Le nain haussa les épaules :
- Encore ces stéréotypes sur les druides... Me prenez pas pour une Vierge d'Erastil, jeune homme ! S'il nous menace, c'est bien normal de se défendre, c'est la loi de la nature. Bon sang, un paladin qui me fait la leçon, je crois rêver, c'est l’hôpital qui se fout de la charité.

Se sentant insulté, Gawyn allait répliquer quelque chose mais le sanglier ne lui en laissa pas le temps. L'animal chargea droit sur lui, sans doute parce qu'il était le plus proche de lui.

Mais le paladin s'était préparé. Il croisa les bras devant lui et ferma les yeux prêt à encaisser les 100 kg de muscles avec sa lourde cuirasse sans broncher. Il ploya sous l'impact mais ne rompit pas. L'animal s'était empalé sur lui en poussant un cri strident mais le chevalier s'en était tiré sans une égratignure.

Urin fit de grands moulinets avec ses bras et un coup de tonnerre ébranla la foret. Toutefois le sortilège ne sembla pas toucher le sanglier, qui secoua la tete en renâclant. Gawyn sourit, il soupçonna le druide de faire semblant de rater ses attaques, pour ne pas déroger à ses principes, meme s'il prétendait le contraire.

Il empoigna alors son épée et frappa de toutes ses forces sur le crâne de l'animal. Mais il fut emporté par son élan et son coup ne fut pas assez précis : le sanglier pivota avec agilité et évita l'attaque, prêt à lui rendre la pareille.

Heureusement pour le paladin, Blake s'était glissée dans le dos de la bête, qui ne pouvait pas la repérer, ni par la vue, ni par l'odorat, ni par aucun autre sens, grâce au sortilège du druide. La demi-elfe n'y alla pas par quatre chemins et frappa avec l'une des extrémités de son épée-double. Elle s'y prit de meilleure manière que Gawyn puisque la lame s'enfonça profondément dans le flanc du sanglier, qui hurla de douleur.

Il se retourna et fonça sur Blake, ivre de douleur. Celle-ci cligna des yeux de surprise. Le sortilège d'invisibilité avait du se dissiper lors de son attaque, mais elle parvint à éviter la charge de l'animal.

-  C'était moins une, lança Gawyn à la demi-elfe.

Mais la jeune fille ne répondit pas et se remit en posture d'attaque. Se trouvant stupide à bavarder en plein combat, le paladin fit de même, résolu à réussir sa prochaine attaque.

Pendant ce temps, Urin réussissait enfin son sortilège et un éclair retentissant vint frapper le sanglier de plein fouet. Etourdi, la bete vacilla et Gawyn en profita pour lui asséner un formidable coup de taille. Au meme moment, Blake le lacéra avec deux coups de lame successifs et crut bien l'avoir vaincu définitivement.

Mais le sanglier tint bon et remua la tete comme un taureau enragé. Sa fureur le rendait insensible à la douleur et il avait perdu toute lucidité. Il chargea une nouvelle fois sur Blake mais la demi-elfe l'évita sans problème.

- Il faut abréger ses souffrances, intervint Urin. Il avait dégainé son arme, un volumineux et massif marteau de guerre. Cependant, le sanglier s'agitait dans tous les sens et le nain manqua sa cible... tout comme Gawyn.  

Mais pas Blake, qui pivota sur elle-meme et, dans un geste d'une pureté exceptionnelle, parvint à trancher la gorge de l'énorme animal, qui s'écroula lourdement sur le sol, dans un gargouillis sonore.

- Enfin, ce n'est pas trop tot, on a réussi à l'avoir, la sale bête ! s'exclama Gawyn.

Blake lui répondit par un timide sourire, et rengaina son arme. Elle nettoya rapidement le sang qui maculait sa tenue de cuir et sortit la dague qu'elle portait à la ceinture. Elle se pencha sur le cadavre du sanglier en fredonnant quelques mots en elfique et Urin fronça les sourcils. Elle n'allait quand meme pas découper une oreille pour le garder comme trophée de chasse ?

S'aperçevant de son trouble, elle s'expliqua de son habituelle voix timide :
- Ce sanglier s'est bien battu. Ce ne serait pas vraiment lui faire honneur de le laisser pourrir dans la foret, alors que... Alors que sa viande pourrait nous rassasier pour dix jours, vous n’êtes pas d'accord Urin ?

Le visage du nain s'éclaira.

- Je ne me suis pas trompé sur votre compte, jeune fille. Tuer est votre métier, mais vous savez le faire avec respect, Gozreh est fier de vous. Je vais vous donner un coup de main, vous allez avoir du mal à tout faire toute seule.

Sur ces mots, les deux aventuriers se mirent à dépecer le sanglier sous les yeux ébahis du paladin. Il n'avait pas pensé à manger la viande du sanglier et rougit de honte. Il s'était contenté d'exulter de la mort d'un simple animal comme s'il avait vaincu le diable en personne. Il serra les poings. Il commençait à se comporter comme un vulgaire soudard varisien, alors qu'il était paladin, par la Iomédae ! Il avait beaucoup à apprendre de ses compagnons, il devait cesser de se croire supérieur à eux parce qu'il était un serviteur de la Sainte Héritière.

Sous ses airs de gros ours mal léché, Urin veillait sur eux plus qu'il ne voulait le montrer. Quant à Blake, il s'était totalement fourvoyé sur son compte. Elle faisait montre d'un sang froid impressionnant, tant en combat qu'en dehors, et méritait mieux que l'indifférence générale qu'elle récoltait de la part du reste du groupe. De fait, elle était peut-être la plus compétente d'entre eux, du moins pour mener à bien cette aventure difficile.

Alors qu'ils étaient plongés dans leur travail, il se racla la gorge pour proposer son aide. Urin se retourna :

- Merci, Gawyn, mais vous n'avez pas besoin de vous forcer. On a bientot fini et je doute de vos compétences en matière de cuisine. Allez plutôt dormir, il reste quelques heures avant le lever du soleil. Vous n'en avez pas eu l'occasion après tout, puisque c'est vous qui avez monté la garde cette nuit. Merci de votre vigilance d'ailleurs. Ce n'était qu'un sanglier cette nuit, mais qui sait quels dangers nous risquerons demain ?

Gawyn fut touché par la sollicitude du nain et hocha la tête. Urin ne se trompait pas, il était épuisé.

Le lendemain matin, Gawyn s'extirpa de son sac de couchage difficulté, le corps ankylosé par le combat de la nuit et que le sol dur n'avait pas vraiment amélioré. Une odeur de viande rotie fit gémir son estomac.

Blake et Urin avaient fini de dépecer le sanglier. Une grande partie de la viande était désormais séchée et fumée et pourrait les nourrir pour une dizaine de jours, si ce n'était plus. Le reste composait visiblement leur petit-déjeuner.

- Bien dormi ? demanda le nain en le voyant s'approcher du feu.

- J'ai pu me reposer un peu, merci. Je vois que vous n'avez pas chômé pendant ce temps, beau travail, nous n'aurons pas à nous soucier de chasser pour trouver notre nourriture.

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Le nain lui donna une bourrade sur l'épaule.

- Arrêtez de parler et venez manger un morceau. Nous reprenons la route après le repas.

- Nous retournons au comptoir, si j'ai bien compris ?

- Pas tout à fait, répondit Blake en dévorant à pleines dents un cuissot de sanglier.

Elle poursuivit, rougissant en apercevant le regard scrutateur du paladin :

- Je me suis dit qu'on pourrait faire un petit détour par l'est, plutôt que de retourner directement sur nos pas en remontant la rivière... Histoire d'explorer un peu, qu'en dites-vous ? On est aussi là pour ça, après tout.

Gawyn hocha la tête :

- Pourquoi pas. J'aimerais bien savoir quelle est la faune locale par ici. Je crois que les seigneurs du Rost insinuaient qu'il n'y a pas que des brigands par ici, n'est-ce-pas Urin ?

Oui, il y a des peuples qui aimeraient continuer à vivre tranquillement sans qu'on vienne les chasser de leurs terres, mon cher ami., voulut rétorquer le nain. Mais il se contenta d'acquiescer.

- Parfait ! fit Gawyn avec enthousiasme. Nous avons une charte à faire respecter ! Gare à ceux qui ne voudront pas se soumettre aux édits du Rost.

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Plus tard, vers le milieu de l'après-midi, les trois compagnons reprirent la route en direction de l'est, comme l'avait proposé Blake. Au détour d'un sentier, tous entendirent des bruits s'élever de derrière les fourrés.

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Cela ressemblait à une suite de grognements gutturaux et Blake comprit immédiatement qu'il s'agissait d'une conversation dans une langue qu'elle ne connaissait pas. Elle s'en livra aux autres.

- Probablement des gobelins ou un truc du genre, déclara Urin. Si on les laisse tranquille, on ne risque rien. Mieux vaut...

Il s'interrompit en voyant Gawyn écarter les buissons.


- Que faites-vous ?

- Des gobelins vous dites ? Ils sont surement en train de comploter quelque chose !

Sur ces mots, il dégaina son épée et disparut dans les fourrés.

- L'imbécile ! cracha Urin en le rejoignant, Blake sur ses talons.

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Ils débouchèrent alors dans une vaste clairière d'une vingtaine de mètres de diamètre. Le sol de toute la clairière était jonché de plants aux larges feuilles vertes que le druide reconnut immédiatement comme étant une variété de radis.

Au centre de la clairière, se trouvaient quatre kobolds (et non des gobelins comme l'avait supposé Urin) dont certains se frottaient le ventre tout en bavardant gaiement. À côté d'eux, on pouvait apercevoir quatre paniers remplis de gros radis allongés ressemblant un peu à des croissants de lune. Visiblement, ils venaient de faire un festin et s'octroyaient un petit moment de détente.

Mais à l'arrivée des aventuriers - qui avaient apparemment oublié de se montrer discrets - ils se relevèrent brusquement et pointèrent l'épée dégainée de Gawyn du doigt d'un air agressif.

L'un d'eux se racla la gorge et parvint à baragouiner quelques mots en langue commune :

- Voleurs ! Sales Humains vous venir voler radis sacrés des kobolds. Radis à nous, que à nous !.

Sur ces mots, il ramassa sa lance et lança un cri de guerre, et le petit groupe se mit en formation de combat, tout en poussant des grognements pour tenter d'intimider le paladin et ses compagnons.

- Maudits lézards, j'escomptais être magnanime avec vous, s'exclama Gawyn. Mais puisque vous voulez en découdre, qu'il en soit ainsi, je suis prêt à vous faire tater de ma lame !.

Blake et Urin échangèrent un regard et soupirèrent. Tant pis pour les kobolds, mais ils devaient protéger leur ami et prendre part à ce combat stupide.

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Le nain ne perdit pas une seconde et commença à marmonner des incantations dans la langue des druides. Progressivement, les plantes, les buissons et autres racines se mirent à se déformer, grossir et envahir le centre de la clairière où se tenaient les kobolds. A l'exception de celui qui se tenait en tete, qui s'extirpa de la zone d'effet du sort d'un bond vigoureux, tous se virent totalement enchevêtrés par les plantes en un clin d'oeil.

Gawyn ne comprit pas tout de suite ce qui était arrivé aux kobolds, mais un échange de regards avec le druide éclaira sa lanterne.

- Merci du coup de main, Messire Urin !

Il se tourna vers les kobolds :

- Quant à vous, je vais vous montrer ce qu'il en coûte de s'opposer à un paladin de Iomédae.

Les kobolds montrèrent les crics et ne semblèrent pas vouloir s'en aller. Gawyn soupira. Pourquoi hésitait-il ? Les kobolds étaient des créatures mauvaises, qui pillaient et tuaient les villageois dans les contrées civilisées. Les seigneurs des épées leur avaient demandé de pacifier la région, il n'allait pas se mettre à prendre en pitié une poignée de lézards sanguinaires...

Après, s'ils s'enfuyaient durant le combat, il serait magnanime : il n'irait pas jusqu'à les traquer jusque dans leur tanière.

Voyant que le premier kobold - celui qui savait parler en langue commune - avait empoigné sa lance et s’apprêtait à l'attaquer, Gawyn décida de passer à l'attaque. Il pria Iomédae de bénir son épée et frappa son ennemi avec toute sa détermination. Mais le kobold était agile, et il était le seul à ne pas avoir été pris dans le sort du druide. Résultat, il parvint à éviter l'attaque et riposta. Mais sa lance vint s'écraser sur l'armure rutilante du paladin et il ne parvint pas à l'atteindre.

Les autres kobolds essayèrent de s'extirper de la zone envahie par les ronces mais ne parvinrent pas à briser les solides racines. L'un deux, toutefois, sortit sa fronde et visa Gawyn en poussant un sifflement rauque, mais le projectile manqua sa cible d'un bon mètre.

Ce ne fut pas le cas de Blake, qui avait sorti l'arc long composite qui avait appartenu à Happs Bydon. Sa flèche vint se planter en plein dans la carotide du kobold qui lui faisait face, et ce dernier s'écroula sur le sol dans un dernier gargouillis étranglé. Un frisson d'effroi parcourut les rangs des kobolds survivants, mais leur "chef" les harangua dans leur langue.

Visiblement, ils étaient prets à défendre le champ de radis jusqu'à leur mort et Blake soupira. Elle aurait préféré éviter ce bain de sang inutile, mais la stupidité de Gawyn et des kobolds ne lui en laissaient pas le choix. Urin pensait probablement la meme chose. Son visage était de marbre lorsqu'il invoqua des flammes dans sa main droite, et il resta de marbre lorsqu'il lança le projectile enflammé sur l'une des créatures.

Gravement brûlé, le kobold que le nain avait visé poussa un couinement sonore et montra les crocs. Il essaya de se frayer un chemin vers les aventuriers mais sa progression était fortement ralentie par la végétation. Une cible trop facile pour Blake qui le tua avec une flèche en plein coeur. Elle jeta un coup d'oeil au paladin pour voir comment il s'en sortait avec son adversaire, mais en voyant le corps sans vie du meneur, proprement décapité, elle se dit qu'il n'avait plus rien à craindre.

Le dernier kobold encore en vie sembla hésiter entre la fuite et la poursuite du combat. Curieusement, il opta pour une mort glorieuse - alors que les kobolds étaient réputés pour être des lâches - et se jeta sur Gawyn avec toute la rage et la détermination dont il pouvait faire preuve. Blake constata qu'il s'agissait d'un jeune guerrier kobold, au sang aussi fougueux que son adversaire paladin. Mais Iomédae avait béni les actions de son protégé et Gawyn enfonça sa lame dans le torse du jeune lézard.

- Je vous avais mis en garde, maudits lézards, grommela-t-il lorsque le cadavre de son ennemi roula à ses pieds, avec une once de compassion dans le regard. Pourquoi ne s'étaient-ils pas enfuis ? Ils savaient pourtant qu'ils n'avaient aucune chance contre eux.

Avec un soupir, il se tourna en direction de ses deux compagnons, et lâcha, d'un ton sec :

Rentrons au comptoir. J'ai l'impression d'avoir perdu mon temps avec ces malheureux. La prochaine fois je ferai un bien meilleur usage de ma lame, croyez-moi.. Il faisait bien sur allusion aux bandits du camp de l'Epine.

Blake ne fit pas un commentaire, se contentant d'aller récupérer ses flèches en silence. Urin s'approcha de lui et posa la main sur son épaule :

- Je ne dirais pas que j'approuve totalement vos actions, Messire Gawyn, mais vous avez fait ce que vous estimiez le plus juste. Les kobolds ne sont pas de tendres agneaux innocents, vous le savez aussi bien que moi, donc assumez vos actes et cessez de prendre cet air de chien battu, compris ? Par contre, la prochaine fois, je vous apprendrai à réfléchir avant d'agir, parce que si cela avait été un groupe de trolls, je ne sais pas si vous auriez fait le fier, mon cher. Mais je ne vous blame pas, nous sommes tous là pour apprendre, les Terres Volées nous donnent chaque jour une leçon.

Gawyn se tourna vers le nain, et esquissa un pale sourire.

- Merci Urin. Sincèrement. Merci de m'aider à garder le droit chemin dans cette jungle impitoyable.

Sur ces mots, il rengaina son arme et partit rejoindre Blake qui semblait focalisée sur les paniers de radis qu'avaient cueillis les kobolds.

- Que faites-vous, Mademoiselle Meleager ? Ces légumes bizarres vous intéressent ?

La demi-elfe sursauta et expliqua d'une voix timide :

- Je me demandais si l'on ne pourrait pas les ramener au comptoir. Je me souviens avoir entendu Madame Svetlana dire que son mari adorait la soupe de radis lunaires.

- Vous pensez que ces légumes sont des radis lunaires ?, demanda le chevalier, dubitatif. Ils ont une drôle de forme pour des radis.


- La demoiselle a raison, intervint Urin. Ce sont bien des radis lunaires. Et je suis druide, donc j'en connais un rayon sur les plantes. Et puisqu'ils ont été cueillis, ce serait effectivement du gâchis de les laisser pourrir avec ces regrettés kobolds. Ces légumes sont plutot rares, je ne savais pas qu'il en poussait dans les Terres Volées, d'ailleurs.

Spoiler:

Sur ces mots, il se saisit d'un panier rempli de radis et tendit les deux autres à Blake et Gawyn. Ils s’apprêtaient à quitter la clairière quand les fourrés se mirent à s'agiter. Les trois aventuriers portèrent leur main à leurs armes, le regard braqué sur les buissons.

Une voix familière, haut-perchée et hautaine, se fit alors entendre.

- Je savais bien que ce sentier aboutissait quelque part, Thom, alors la prochaine fois, je vous interdis de mettre en doute mon sens de....

Weiss Schnee venait de faire son apparition dans la clairière, suivie de Thom Merrilin. La jeune magus s'interrompit lorsqu'elle aperçut les trois aventuriers.

- Alors, si je m'attendais à vous trouver ici ! Je pensais que vous étiez rentrés depuis longtemps au comptoir... Figurez-vous que nous avons beaucoup de choses à vous raconter ! J'espère que vous n'avez rien fait d'insensé de votre coté.

Elle avait dit ces mots en se tournant vers Gawyn, et le paladin répondit en la fusillant du regard.

Thom avisa les cadavres de kobolds sur le sol et s'exclama, tout sourire :
- Je crois qu'eux aussi ont pas mal de choses à nous dire, Mademoiselle Schnee... Bon, qui commence ?