7. Rencontres dans la forêt des Narlmarches

Le soleil était haut dans le ciel lorsque les explorateurs quittèrent le comptoir d'Oleg pour prendre la direction de la forêt. Leur objectif était la partie occidentale de la forêt et ils avaient suffisamment de provisions pour en effectuer une exploration minutieuse.

Malgré leurs précédentes visites, l'exploration resta laborieuse et ils progressaient lentement, même à cheval, les sens aux aguets pour éviter les pièges de la forêt.

Ils prirent la direction de l'ouest et montèrent le camp lorsque l'obscurité commença à envelopper les Narlmarches. Pendant ce temps, Blake s'était éloignée pour chasser et lorsqu'elle revint, c'était avec un bon lièvre dodu et quelques fruits pour agrémenter leur repas.

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La nuit passa sans encombre et ils reprirent leur marche en avant dans les bois de l'ouest.

La matinée se déroula sans problème notable. Thom et Weiss développèrent un système de marques sur les arbres pour s'orienter plus facilement et ne pas explorer deux fois la même zone.

Laissant la cartographie aux spécialistes, Blake se contenta d'observer les alentours et de profiter du spectacle de la forêt. Ses racines elfiques réagissaient à la solennité du lieu, de ses arbres majestueux et de sa faune animée.

Elle s'approcha d'un vieux chêne et son attention fut captée par un éclat métallique dissimulé dans les taillis. Elle regarda d'un peu plus près et reconnut immédiatement les crocs métalliques et cruels d'un piège à ours.

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- Attention, cria-t-elle à l'adresse de ses compagnons. Il y a des pièges dans cette clairière !

- Merci Blake, nous ferons attention, répondit Gawyn, les sourcils froncés. A chaque pas, le paladin regardait attentivement pour ne pas enclencher malencontreusement l'un de ces engins.

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- Il y en a d'autres de ce côté, lança Weiss en désignant un bosquet sur sa droite. Thom regarda dans la direction indiquée par la magicienne et s'exclama :

- Par Desna, j'ai failli marcher dessus ! Qui donc a pu laisser traîner tous ces pièges sans surveillance ni indications ?

- Breeg, répondit Blake dans un souffle, et Urin grogna de mépris.

- Le trappeur que tu recherches ? releva Weiss.

La tueuse hocha la tête.
- Oui, Svetlana m'a dit qu'il devait chasser par ici, ces pièges à ours doivent être les siens.

- Cet homme est un inconscient, déclara Gawyn, les poings serrés. Que fera t-il lorsque l'un de ces engins sectionnera les jambes d'un malheureux qui aura eu moins de chance que nous ?

Thom frissonna.
- Nous devrions lui en toucher deux mots. Après tout, cela fait partie de nos prérogatives, n'est ce pas mademoiselle Schnee ?

La magicienne acquiesça.

- Avant d'aller voir ce Breeg, nous ferions mieux de désamorcer ces engins de malheur, intervint Urin. Une bonne vieille branche solide devrait suffire.

Blake et Gawyn hochèrent la tête et s'exécutèrent immédiatement. Quelques instants plus tard, les deux pièges furent désarmés.
Ils poursuivirent alors leur marche dans la forêt, avec une prudence redoublée.

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Ils n'avaient avancé que d'une centaine de mètres quand Urin et Blake s'arrêtèrent brutalement.

- Qu'ya-t-il ? Encore un piège ? s'enquit Weiss, tendant le cou devant elle pour tenter d'apercevoir quelque chose.

- Oui, confirma la demi-elfe, tout en désamorçant le piège métallique dissimulé dans les hautes herbes.

- Mais combien y en a-t-il, par Abadar ?se lamenta Weiss. Il faut faire quelque chose, sinon l'un de nous va finir par perdre une jambe à ce rythme.

- Et que proposez vous, Mademoiselle Schnee ? demanda Gawyn. Vous comptez parcourir toute la forêt au peigne fin pour supprimer tous ces satanés pièges ?

- Je m'en charge coupa Blake. J'ai de bons yeux et c'est mon rôle de repérer les dangers pour le groupe.

Sur ces mots, la jeune tueuse se mit à la recherche des autres pièges à ours qui appartenaient vraisemblablement à Breeg Orlivanch.
En s'y prenant méthodiquement, elle parvint à ratisser une bonne partie de la zone, progressant en spirale à partir de l'endroit où ils avaient aperçu les premiers pièges.

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La tâche lui prit quatre bonnes heures, mais, lorsque le crépuscule commença à  poindre, elle pouvait s'estimer heureuse du travail accompli :  plus personne n'aurait à craindre de voir ses jambes brisées par les terribles mâchoires d'acier.

Alors qu'ils s'apprêtaient à monter le camp, un cri rauque les fit sursauter. Un ours venait de faire irruption dans la clairière, les yeux injectés de sang, et l'une de ses pattes avant était sérieusement blessée.

Urin fut le plus prompt à réagir. Le nain dégaina son impressionnant marteau de guerre et l'abattit sur l'animal. Mais l'ours parvint à esquiver malgré sa patte blessée et poursuivit sa course droit devant lui, attaquant le premier qui se trouvait sur son chemin, à savoir Thom.

Le malheureux barde eut à peine le temps d'armer une flèche que la créature était déjà sur lui, toutes griffes dehors. Clac, Clac.
Deux coups de patte puissants l'envoyèrent rouler au sol.

- Thom ! s'écria Weiss, horrifiée.

Gravement blessé, le jeune brévien réussit néanmoins à se relever et il s'éloigna le plus possible en tenant son abdomen ensanglanté.

- Je vais bien ! cria-t-il en serrant les dents. Pour le prouver, il commença à chanter une ballade épique qui parlait d'un ours et d'un chasseur.

Rassurée, Weiss incanta un sort de bouclier et dégaina sa rapière pour faire face à l'animal sauvage. De leur coté, Gawyn et Blake avaient déjà sorti leurs armes de leur fourreau et fondirent sur l'ours. Mais ce dernier avait le cuir épais et les attaques ne firent que le chatouiller.

Si les lames lui résistaient, ce n'était pas le cas des sorts et Urin ne se fit pas prier pour projeter des flammes incandescentes sur son flanc.
La fourrure en feu, l'ours poussa un cri de douleur et ne vit pas que Weiss et Gawyn l'avaient pris en tenaille. L'un et l'autre ne ratèrent pas leur coup et lui transpercèrent le flanc avec leurs épées.

Fou de rage, l'ours se jeta sur Weiss et lui lacéra l'épaule avec un coup de griffe fulgurant qui passa outre son bouclier magique. La jeune magus poussa un cri aigu de douleur et recula hors de portée de griffes.

- Sale bête ! Tu n'as pas honte de t'en prendre à une femme ? s'exclama Gawyn à l'attention de l'animal. Viens donc affronter un adversaire à ta mesure !

Mais le paladin n'eut pas le temps de régler ses comptes, que l'ours était déjà mort, le crane proprement défoncé par le marteau d'Urin.

- Euh... Joli travail, Urin.

Le groupe se réunit alors et ils avisèrent la gravité de leurs blessures. Elles étaient très profondes, tant pour Weiss que pour Thom, mais n'avaient pas touché d'organe vital. Le barde incanta alors un de ses sorts de soin et leurs plaies ne furent bientôt plus qu'un lointain souvenir.

- Quelle aventure ! s'exclama finalement Thom. Meme s'il avait frôlé la mort, un immense sourire barrait son visage. La cicatrice qu'il garderait sur son flanc deviendrait la preuve de son statut d'aventurier aguerri. En quelques semaines dans la Ceinture Verte, il avait vécu plus de péripéties épiques que tous les nantis obséquieux de nouvelle-Svetven réunis.

- Cette foret est décidément dangereuse de jour comme de nuit ! pesta Weiss. Cet ours nous a eus par surprise car nous avons relâché notre vigilance.

- Désolée, j'aurais du le voir venir, c'est mon role de repérer les dangers pour le groupe... La recherche des pièges de Breeg m'a fait oublier le sens des priorités, souffla Blake, contrite.

Pour se faire pardonner, la demi-elfe décida de monter la garde toute la nuit, pendant que ses camarades prirent un repos bien mérité.

Le lendemain, les aventuriers choisirent de poursuivre l'exploration de la forêt des Narlmarches et se dirigèrent vers le sud-ouest. Il leur fallut une bonne matinée pour atteindre la nouvelle zone d'exploration, une partie moins boisée de la foret et qui était divisée en deux parties par l'Épine.

Ils décidèrent d'explorer la zone en remontant le cours de la rivière et parvinrent à un endroit où l'Epine était suffisamment étroite pour leur permettre de traverser à cheval. Sur l'autre rive, ils aperçurent alors un gros tas de rondins entassés pêle-mêle. En s'approchant davantage, ils virent une botte dépasser du monticule de rondins. Quelqu'un était coincé dessous !

- Par Shélyn, que s'est-il passé ici ? s'exclama Thom tout en regardant attentivement autour de lui, prêt à réagir au moindre mouvement suspect.

En s'approchant à son tour des rondins, Blake remarqua des traces profondes laissées dans le talus qui surplombait la rivière : les troncs d'arbre avaient visiblement dévalé la pente avant d'ensevelir l'infortuné qui s'était retrouvé coincé en-dessous.

Pour en apprendre plus sur l'identité du cadavre, il leur faudrait sans doute plusieurs minutes de travail pour dégager les troncs. Elle se tourna vers ses compagnons pour leur en faire part.

- Sans façon, répondit Weiss en faisant une grimace de dégout.

Elle resta donc à l'écart lorsque Urin et Gawyn se mirent à déplacer les troncs d'arbres un par un. Au bout d'un petit quart d'heure, tous les arbres avaient été placés sur le côté et le cadavre était dégagé.

D'après l'état du corps, il était là depuis une bonne semaine. La peau, en décomposition, et endommagée par les nombreuses contusions occasionnées par les rondins rendaient l'identification relativement difficile mais Blake constata que le physique de l'individu correspondait en tout point à la description qui leur avait été donnée de Breeg Orlivanch.



Elle s'éloigna pour inspecter les environs. En remontant la pente, elle trouva des cordages attachés à un arbre : les rondins avaient été rassemblés en hauteur et ficelés ensemble, de manière à pouvoir être envoyés sur un ennemi. Quelle ironie ! Breeg, le trappeur malfamé qui avait placé ses pièges cruels sans les marquer, et à qui elle devait remettre une lettre de la part de Constance Devine, était donc mort écrasé par l'un de ses propres pièges.

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Elle poursuivit cependant son investigation pour savoir ce qui avait bien pu déclencher le piège mais ne trouva rien de probant. Breeg semblait avoir tout simplement été malchanceux. Elle avisa malgré tout une hachette de belle facture plantée dans le tronc d'un hêtre tout près d'elle. L'arme devait appartenir au trappeur mais elle ne se gêna pas pour la récupérer. Oleg serait très heureux de pouvoir la revendre à des clients intéressés.

Elle redescendit le talus et fit part de ses découvertes à ses compagnons.

- Breeg a été victime de son propre piège. J’ai l’impression qu’il était en train de le fabriquer quand tout lui est retombé dessus. Les cordes devaient avoir été fragilisés par la pluie ou l'humidité.

- Bien fait pour lui, lança Urin avec humeur. Je ne crois pas que quelqu'un le regrettera dans la région. Au moins, les animaux auront la paix maintenant.

- Pour une fois, je suis d'accord avec vous, approuva Gawyn la mine sombre.

- Un peu dur, mais vous avez hélas raison, tous les deux, commenta Thom. Il se tourna vers Blake : Mais dites-moi, Miss Meleager, à qui allez-vous remettre la lettre de Constance Devine maintenant que Breeg est mort ?

La demi-elfe écarquilla les yeux.
- Oh, tu as raison Thom. J'allais oublier la lettre...

- Je pense que tu peux te permettre de nous en révéler le contenu, qui sait peut-etre que nous y découvrirons des informations utiles ? intervint Weiss, d'un ton brulant de curiosité.

Blake hocha la tete et commença à lire la missive à haute voix :

Citation :

Monsieur Breeg Orlivanch, plusieurs habitants du sud du Restov, chasseurs et trappeurs, se sont plaints des pièges que vous avez placés au nord des Marches de Narl sans les signaler de manière visible. Sachez que, comme ces pièges portent notre marque de fabrique, c’est notre réputation que vous mettez en péril chaque fois que vous ne faites pas preuve de plus de prudence. Aussi me permets-je de vous demander de signaler de manière plus visible les emplacements que vous tapissez de pièges. De simples petits fanions colorés attachés aux branches permettraient d’éviter les accidents les plus graves. Nous restons prêts à commercer avec vous si vous changez vos habitudes. Sans cela, nous ne pourrons malheureusement plus vous procurer de pièges à ours.

Signé — Constance Devine

- Ca se passe de commentaire, déclara Weiss à la fin de la lecture de la jeune demi-elfe. Au moins, nous avons la preuve que Madame Devine est une honnête fabricante de pièges et qu'elle n'est en rien responsable des agissements méprisables de Breeg.

L'héritière des Schnee était un peu déçue de ne pas avoir eu plus de renseignements utiles dans la lettre mais ne s'en formalisa pas. Elle se tourna vers les autres :

- Que faisons-nous à présent ?

- Nous devrions enterrer le corps. L'homme était peut-être méprisable, mais il a malgré tout le droit comme toute personne de rencontrer Pharasma dignement, répondit Gawyn avec gravité. Ensuite, je propose que nous continuons à explorer la forêt en remontant la rivière.

Le reste du groupe ne trouva rien à redire à la proposition du paladin et ils passèrent une bonne heure à fabriquer une sépulture à Breeg Orlivanch. Puis, ils se remirent en chemin pour terminer l'exploration de la zone qu'ils avaient prévu de cartographier ce jour-là. Ils avaient pris une heure de retard avec cette macabre découverte et ils hâtèrent le pas pour terminer leur tâche et rentrer rapidement vers leur camp.

En début d'après-midi, ils arrivèrent en vue d'une petite cabane de bois construite au bord de l'Epine. Sur le côté de la cabane, plusieurs poissons dodus séchaient au soleil, pendus à un fil. C'était visiblement la demeure d'un pêcheur.

Prudent, Gawyn s'avança le premier et s'écria :

- Ohé, il y a quelqu'un ?

Après quelques longues secondes, la porte s'entrouvrit et un visage blond apparut dans l'interstice.



- Qui etes-vous ? lança le jeune pêcheur qui habitait dans la cabane, un simple gourdin de bois à la main.

- Du calme l'ami, nous ne vous voulons aucun mal. Nous sommes des explorateurs du Brévoy et nous parcourons la région entre deux pauses au Comptoir, répondit Thom en levant les bras.

- Du Brévoy, vous dites ? Oh ça alors, je suis aussi originaire de là-bas. Figurez-vous que...

- Miles ? Weiss s'était avancée à son tour et semblait avoir reconnu le jeune homme. Tu es bien Miles Brandy n'est ce pas ?

- Vous connaissez ce garçon, mademoiselle Schnee ? demanda Thom d'un air soupçonneux et teinté de jalousie.

- Il était élève à l'école de duel Aldori de Restov, tout comme moi, répondit Weiss. Pour être franche, je ne m'attendais pas à retrouver un condisciple dans ce trou perdu.

La jeune femme se souvenait d'un jeune homme naïf et maladroit qui rêvait de devenir un grand chevalier (comme tout adolescent de son âge) mais qui avait fini par quitter l'école après avoir essuyé les brimades de ses camarades et de ses professeurs sur son manque criant de talent. Depuis ce jour, Weiss n'avait plus jamais entendu parler de lui... Il fallait dire qu'elle n'était pas particulièrement proche du jeune homme.

Miles écarquilla les yeux. Lui aussi avait reconnu la jeune épéiste.

- Ça alors ! Alors comme ça vous êtes devenue une véritable aventurière, miss Schnee. On ne peut pas en dire autant de moi...

Il rougit avant de se reprendre. Mais ... entrez, entrez donc. C'est pas très grand, mais euh accueillant...

La cabane n'était en effet pas très grande, mais il y avait un certain confort. Miles y avait construit une table et des chaises en bois, ainsi que toute une série d'ustensiles divers : couteau, canne à pêche, plats, bols...

Le jeune homme invita les aventuriers à prendre un peu de soupe de poissons, il n'avait visiblement rien d'autre à leur offrir.

Après avoir goûté à la délicieuse soupe, Gawyn prit la parole.
- D'après ce que j'ai compris de ton histoire Miles, tu es un apprenti guerrier brévien, c'est bien ça ? Mais pourquoi vis-tu dans cette cabane au lieu de faire ton métier ? Tu pourrais aider à défendre le comptoir par exemple, je suis sûr que Garess ne serait pas contre un peu de renfort supplémentaire...

- Il a peut-être abandonné son rêve, supposa Weiss en haussant les épaules.  

- Oh si seulement c'était le cas... répondit Miles en soupirant. L'air dépité, il ajouta :  J'ai ... J'ai fait une mauvaise rencontre en arrivant et j'ai tout perdu. Mon épée, mon équipement... on m'a tout pris. Je n'ai pas abandonné l'idée d'être un aventurier, vous savez ? Mais qui donc voudrait d'un vagabond comme moi ?

Gawyn fronça les sourcils.

Une mauvaise rencontre ? Tu peux tout nous raconter, l'ami. Il y a peut-être quelque chose qu'on peut faire pour toi, si tu acceptais de nous en dire plus.

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Miles se gratta la tête, gêné de raconter ce mauvais souvenir. Mais l'attitude compatissante des explorateurs (notamment de Gawyn) l'engagea à s'ouvrir à eux. Il prit alors une profonde inspiration avant de commencer.

Eh bien, pour tout vous dire, je voulais devenir aventurier comme mon oncle Timitius. C'est pour cela que je me suis inscrit à l'école de Restov. Mais disons que... Il croisa le regard de Weiss et rougit. Un tel entraînement n'était pas fait pour moi... J'ai abandonné les cours d'escrime et j'ai décidé de partir explorer les Terres Volées. Après tout, mon oncle était un aventurier autodidacte, et je pensais, à tort sans doute, que s'il était parvenu à se débrouiller dans cette région hostile, je pouvais en faire de même...

Ton oncle est venu ici ? releva Gawyn.

Miles hocha la tête.
Oui, aux dernières nouvelles que j'ai reçues de sa part, il est quelque part en exploration dans la forêt au sud d'ici, je crois qu'il traquait des tat...tazl...euh tatzlwyrms, pardon.  Mais cela fait plusieurs semaines que je n'ai plus reçu de lettres de sa part, j'espère qu'il ne lui est rien arrivé.

Les aventuriers eurent un regard entendu. La probabilité que le fameux oncle Timitius soit encore en vie était très faible, surtout s'il était porté disparu depuis plusieurs semaines. Mais ils se gardèrent bien den faire part au pauvre Miles, de peur de l'anéantir définitivement.

- Et tu es donc parti à sa recherche, c'est bien ça ? résuma Weiss. Tu devais beaucoup tenir à ton oncle pour avoir troqué une vie de citoyen ordinaire pour celle ingrate et dangereuse d'aventurier.

La jeune femme pensa à sa propre famille et eut un pincement au cœur. Elle aurait aimé avoir ne serait-ce qu'un parent lointain comme celui de Miles pour la bercer d'aventures épiques. Mais hélas, elle n'avait eu le droit qu'à un père froid et sévère, une mère alcoolique et absente, et un frère méprisable. Elle s'arracha à ses sombres pensées lorsque Miles reprit la parole pour lui répondre :

Oh oui j'adorais mon oncle, quand il passait nous voir à Restov, il avait toujours plein de choses à raconter. Je voulais vraiment lui ressmbler vous savez ? Bref, du coup, je suis passé par le comptoir d'Oleg pour obtenir des renseignements sur les environs et sur mon oncle mais les Léveton n'ont pas pu me dire grand chose. Je suis donc parti un peu à l'aveuglette, vers le sud-ouest ... et c'est là que j'ai croisé la route de quatre bandits.

Gawyn serra les poings, il n'avait pas besoin que Miles continue son histoire pour deviner la suite. Mais il resta silencieux.

Je me suis vite rendu compte que je n'avais aucune chance contre eux et je me suis rendu. Ils m'ont assommé, ligoté à un arbre, et quand je me suis réveillé, évidemment, je n'avais plus rien, plus d'équipement ni d'argent. J'ai réussi à me défaire de mes liens et j'ai erré dans la forêt jusqu'à tomber sur un chasseur grincheux et pas du tout aimable. Je lui ai demandé de l'aide, ou au moins un peu de nourriture et d'eau ...  mais il n'a rien voulu savoir en disant que c'était tant pis pour moi et que ce n'était pas son problème si je mourais de faim.

- Est ce que ce chasseur désagréable s'appelait Breeg par hasard ? demanda Thom avec un sourire compatissant. Le barde trouvait que le pauvre garçon avait cruellement joué de malchance, et pour un aventurier, cela signifiait souvent la fin du parcours... Après s'il avait été à sa place, il se serait au moins fait accompagner par un guide ou un rodeur du coin, explorer la région tout seul relevait soit de la folie, soit de la stupidité.

Miles haussa les épaules. Breeg ? je ne sais pas, et je n'ai pas très envie de savoir comment il s'appelle à vrai dire ...

- Oh, je pense qu'on est tous d'accord avec ça. Et ensuite ? Comment as-tu fait pour t'en sortir ? demanda Weiss avec curiosité. Si elle estimait que le garçon était très naïf d'avoir pensé être assez doué pour devenir un aventurier aguerri sans se préparer sérieusement, elle reconnaissait sa débrouillardise et sa détermination.

oh Desna soit louée, j'ai réussi à retrouver mon chemin, et j'ai fini par retourner au comptoir. Oleg m'a refilé du matériel de pêche et depuis ce jour, je gagne ma vie en vendant un peu de poisson ou en fabriquant des objets en bois. Mais je n'ai pas encore renoncé à retrouver mon oncle... Si seulement je pouvais retrouver mes affaires...

Après avoir entendu les derniers mots du jeune homme, Gawyn se leva.

- J'en ai assez entendu, Miles. Tu vas venir avec nous au comptoir et je te garantis que tu y retrouveras tes affaires. Pour la simple et bonne raison que nous avons récupéré tout le butin de ces malfrats lors de notre traque des bandits. Deuxièmement, tu ne peux pas rester vivre ici, dans cette cabane insalubre qui doit laisser passer la pluie et la neige ! Comme je te l'ai proposé tout-à-l'heure, tu trouveras sûrement du travail au comptoir. Soit comme guerrier aux côtés du capitaine Garess, soit en aidant les Léveton à l'auberge.

Estomaqué par la proposition (véhémente) du paladin, Miles mit quelques temps à répondre. Décidément il admirait beaucoup ce Gawyn, il espérait tant pouvoir lui ressembler.
- Vous feriez ça pour moi ? Je...je n'ai vraiment rien d'autre à vous donner en échange, seulement ma gratitude éternelle.

- Parfois, il arrive d'agir juste pour le bien d'autrui, sans rechercher un quelconque salaire autre que la satisfaction d'avoir aidé un homme ou une femme dans le besoin. répondit Gawyn avec une sagesse religieuse.

- Et puis, il faut être logique, Miles. ajouta Weiss. Si tu veux retrouver ton oncle - et on veut bien t'y aider entre deux explorations de la forêt - la meilleure façon d'y arriver est déjà de retourner au comptoir avec un toit sûr, un salaire garanti et des compagnons d'armes. Si tu dois retenir une leçon de ton avaenture c'est bien celle-ci, et je suis certaine que ton oncle dirait la même chose.

- Weiss a raison, renchérit timidement Blake. La vie d'aventurier solitaire ne convient pas forcément à tout le monde... J'ai longtemps pensé le contraire mais je pense qu'on y gagne d'avoir la compagnie d'autres personnes pour nous protéger ou nous épauler quand on se retrouve en difficulté.

Thom sourit. - Heureux de voir que vous finissez enfin par apprécier notre compagnie, miss Meleager ! Il ne reste plus que notre ami Urin qui semble résister encore aux charmes de l'amitié et de la bonne camaraderie.

Le nain grogna en silence et se toruna vers Miles :
- N'écoutez pas ces doux imbéciles, jeune homme. Personnellement, je pense que cette mauvaise expérience vous sera bénéfique. Vous avez peut-être perdu votre équipement, mais maintenant vous savez vous débrouiller tout seul en pleine forêt, chasser et pêcher, faire du feu, trouver votre chemin ... Cela ne s'apprend pas dans un livre bien sagement à l'école.

Weiss leva les yeux au ciel mais ne rétorqua rien car sur le fond, elle était d'accord avec Urin. Si elle n'était pas accompagnée de l'exceptionnelle Blake, elle ne parviendrait probablement pas à retrouver son chemin ou trouver de quoi subsister à ses besoins.

Les yeux de Miles se mirent à briller : - Vous voulez dire que maintenant je suis prêt ? Que tout ceci était l'oeuvre de Desna pour m'endurcir ?

Urin toussa, mal à l'aise et laissa Thom répondre à sa place.

- Tout à fait Miles. Ce que notre bougon d'ami essaie de vous dire, c'est de ne pas regarder ce que vous avez perdu, mais ce que vous avez gagné.

Le barde constata alors que le soleil déclinait et que la pénombre du crépuscule commençait à gagner la cabane.

- Bon, il se fait tard, je crois que nous n'allons pas tarder à repartir. Pour en revenir à notre proposition, vous n'êtes pas obligé d'accepter tout de suite, je comprends très bien que vous hésitiez encore. Sachez en tous cas que notre main vous sera toujours tendue, Miles Brandy.

- Je...je vais y réfléchir.  Euh, en attendant, si vous devez rester dans le coin pour explorer, vous pouvez loger ici si vous le voulez. Bon, c'est un peu petit et le toit n'est pas tout à fait étanche, mais c'est mieux que de dormir à la belle étoile...Et puis, je ne serais pas contre le fait d'avoir de la compagnie. Héhé...

Thom consulta ses compagnons du regard et finit par répondre :

- C'est une offre très généreuse de votre part, nous acceptons avec joie. Et puis j'avoue que votre soupe de poisson était excellente !

Sur ces mots, Miles (aidé par Gawyn) déplaça la table et installa quelques lits de fortune un peu partout sur le sol. Ils allaient devoir se serrer mais, au moins, ils auraient chaud et seraient à l'abri. Les hurlements de loups qui retentirent au loin cette nuit là ne firent que le leur confirmer davantage...

Le reste de la nuit se déroula dans le calme, les loups semblant s'être éloignés. Au matin, Miles fit bouillir de l'eau pour préparer du thé fort. Il plaça dans l'eau quelques feuilles provenant d'un pot de bois et les laissa infuser. La décoction avait un goût un peu amer, mais elle se révéla assez efficace pour repousser la fatigue. Les explorateurs étaient prêts à reprendre la route.

Miles s'approcha alors du groupe et se racla la gorge pour se donner du courage :

- Je...euh j'ai pris ma décision. J'ai pas mal réfléchi à tout ce que vous m'avez dit hier, et je pense que vous avez tous raison. Cette expérience de pêcheur sur les rives de l'Epine a été très enrichissante pour sûr, mais maintenant il est l'heure pour moi de repartir à l'aventure. Je ne suis plus le même qu'auparavant, je vous promets d'être plus prudent et de bien me préparer à l'avenir... Pendant que vous terminez de déjeuner, je vais ranger ici et préparer mes affaires pour rentrer au comptoir.

Sur ces mots, il partir réunir ses maigres possessions, l'air tout excité. Blake s'approcha de lui et il sursauta.

- Prends ça avec toi... Je pense que ça te servira, souffla la demi-elfe. Elle lui tendit alors une hache, celle-là même qui avait appartenu à Breeg Orlivanch. Elle estimait que cela constituerait une arme de remplacement fort utile en attendant de retrouver une épée digne de ce nom. Et la pauvre Miles méritait bien ça après ce que Breeg lui avait fait subir, un juste retour des choses.

Miles rougit bêtement - il avait toujours eu du mal avec les personnes du sexe féminin - et bredouilla :
- Merci beaucoup, je... je ne sais pas quoi dire pour vous remercier, mademoiselle.

Thom éclata de rire en voyant le spectacle maladroit qui se déroulait devant ses yeux. Il siffla.
- Je crois que les deux tourtereaux là-bas m'inspirent une petite ballade romantique. Pas vous, miss Schnee ?

La jeune magus pinça les lèvres, ne sachant pas si elle devait rire ou pleurer devant les vaines tentatives de séduction du barde à son égard. Mais elle ne s'en formalisa pas, après tout la compagnie de Thom était bien plus agréable que celle des nobles Andorrans qu'elle avait du se coltiner quand elle vivait encore au domaine familial d'Almas.

Sur ces entrefaites, le groupe quitta enfin la cabane de Miles pour prendre la route du comptoir en redescendant le cours de l'Epine.

Arès une bonne journée de marche sans histoires, les aventuriers - accompagnés par un Miles survolté, qui avait gracieusement "emprunté" le cheval de Blake - étaient parvenus à la clairière qu'ils commençaient à bien connaître. La dernière fois qu'ils y étaient allés, Gawyn et Urin avaient glissé dans une flaque de graisse et ils avaient également cru entendre un ours hibou. Le groupe en avait déduit que des fées espiègles et à l'esprit farceur vivaient sûrement dans les alentours mais ils n'avaient pas encore réussi à les débusquer.

Par habitude, ils se trouvaient sur leurs gardes et regardèrent tout autour d'eux avec méfiance, de peur de marcher dans un nouveau piège tendu par les fées. Miles les imita sans trop comprendre, mais il se dit que cela devait être un bon réflexe à avoir pour un aventurier... Pour faire bonne mesure, il dégaina sa nouvelle hachette, prêt à s'en servir en cas de mauvaise rencontre.

Spoiler:

Blake, qui marchait d'un pas rapide à hauteur du cheval de Weiss, se figea brusquement. La jeune magicienne consulta la demi-elfe du regard.
- Toi aussi tu les as vu ? chuchota-t-elle.

Blake confirma d'un hochement de tête et Weiss se retourna vers ses compagnons, en parlant toujours à voix basse.
- Il y a deux nids dans cet arbre, tout là haut sur cette branche. Je crois qu'on a trouvé le domicile de ces plaisantins.

- Oho, joli coup les filles. Je ne les avais pas du tout remarqué. Bon, je crois qu'il est temps de reprendre là où je m'étais arrêté la dernière fois, je suis sûr qu'elles nous observent en ce moment même.

Il déposa son miroir à main puis ouvrir son sac. Il en sortit l'un de ses instruments de musique - un violon - et une bouteille de vin. Cette dernière provenait du stock destiné au seigneur Cerf et que le groupe avait laissé chez Oleg, mais il avait gardé une bouteille en secret pour sa consommation personnelle (Thom adorait le vin, il partageait malheureusement ce défaut avec le chef des bandits). Il soupira, s'il désirait charmer les fées cette fois, il devait bien faire un sacrifice.

Il commença alors à jouer un petit air entrainant au violon, suivi d'un gracieux menuet dédié aux fées et très populaire chez les dames de Nouvelle-Stetven.

Spoiler:

Pendant qu'il jouait, il se tourna en direction des nids et commença à s'adresser à un public imaginaire (en commun, il se promit d'apprendre le sylvestre un jour).

- Aimables amis de bois, n'ayez pas peur, approchez. Nous ne vous ferons aucun mal. Prenez vos aises, cette petite sysmphonie est dédiée à votre attention. De plus, nous avons de jolis cadeaux pour vous !

Pendant qu'il parlait, Urin lui toucha l'épaule pour donner plus de force à ses mots. Les autres s'approchèrent à leur tour.

Weiss n'était pas très douée pour la parlote mais essaya timidement de contribuer :
- Euh... Nous sommes là pour protéger cette forêt, nous ne sommes pas vos ennemis.

Pour faire bonne mesure, elle déposa sa rapière sur le sol, imitée par Blake, qui se mit à parler alternativement en elfique et en sylvestre.
Amara bandhura sati karë bala, amarë tomara kona ṣati kara na. Amara panara bandhu hatë sa'i.

Traduction en commun:

Gawyn s'avança alors et montra alors qu'il n'était pas un simple guerrier. Si sa lame était dure, sa langue pouvait aussi s'avérer très douce et ses mots persuasifs.

Chères amies fées, je sais que vous n'êtes pas des créatures maléfiques et que vous avez peur parce que vous pensez que nous sommes des méchants, comme les bandits et les trappeurs qui pullulent dans cette forêt. Mais vous vous trompez, nous ne sommes pas comme eux. Moi aussi je déteste les bandits qui tuent et font du mal aux gens. Vous savez, ma petite soeur Elayne a été tuée par des brigands. Je me souviens qu'elle adorait les contes de fées et son rêve était d'en voir un jour. J'aimerais pouvoir lui dire que j'en ai rencontré une la prochaine fois que je rendrai sur sa tombe. Même si ça doit passer par glisser dans une flaque d'huile...

Spoiler:

Quand le barde et le paladin eurent fini leur tirade, il se passa de longues secondes silencieuses. Puis, une petite voix aigue surgit de l'arbre et demanda, d'abord en sylvestre puis en commun: C'est vrai, vous voulez vraiment être nos amis ?

Une étrange créature à six pattes apparut alors brusquement sous leurs yeux. La petite fée faisait à peu près la taille d'un petit chat et avait le corps d'une sauterelle géante. Son torse et sa tête ressemblaient à ceux d'une petite elfe. Des tatouages aux traits délicats et aux motifs incurvés garnissaient le buste dénudé de la créature. Une mince ceinture de cuir faisait la tour de sa taille où pendait une minuscule épée et un arc miniature.

Spoiler:

Une grig, reconnut Weiss. Le groupe s'approcha tout doucement d'elle et Thom lui tendit le miroir.

- Tiens, cela sera un objet très utile pour une fée aussi charmante que toi, ma petite. déclara-til avec un sourire charmeur.

La grig s'avança et saisit l'objet avant de l'examiner sous toutes ses coutures, fascinée devant son reflet.  
Elle demanda timidement : - Vous avez à manger ? J'aime bien manger. Surtout quand c'est sucré. Je sais que vous les grandes bringues, vous avez toujours des trucs sucrés dans vos affaires. Vous voulez bien partager, dites ? Je suis désolée de vous avoir fait toutes ces farces, Perry et moi, on ne pensait pas à mal.

La grig débitait les mots à toute allure et les aventuriers durent se concentrer pour comprendre tout ce qu'elle disait.  Une voix désincarnée lança alors :
- Hé Tyg, ce n'est pas poli de demander à manger à tes nouveaux amis. En plus tu ne t'es même pas présentée.
Un minuscule dragon aux ailes de papillon apparut soudainement aux côtés de la grig et s'inclina devant les explorateurs :
Je suis Pervilash le Dragon Féérique! Et la petite malpolie là c'est Tyg-titter-tut, mais vous pouvez l'appeler Tyg.




Thom éclata de rire. Finalement ces fées étaient plus drôles que dérangeantes, il avait bien fait d'essayer de leur parler. Cela faisait du bien de voir autre chose que des brigands, des monstres ou des kobolds. Il piocha dans son sac et en retira deux bonbons qu'il tendit aux deux fées.

- Voilà pour vous. Nous devons avoir des fruits ou des biscuits sinon.

Il se racla la gorge et poursuivit, d'un ton plus solennel.

-  Je suis enchanté de vous rencontrer Tyg la grig et Pervilash le dragon. Mon nom est Thom Merrilin. Je suis poète, musicien et, à mes heures perdues aventurier et cartographe.

La jeune femme qui vous a parlé en sylvestre, c'est Blake. Elle est une combattante aguerrie qui connait la forêt comme sa poche et a les meilleurs yeux du groupe. Le grand gaillard en armure qui a perdu sa soeur de manière tragique, c'est Gawyn. C'est un guerrier au coeur d'or, je lui confierai ma vie ! Assise là-bas c'est Weiss. Une charmante magicienne qu'il nous faut pas déranger mais elle est admirable et talentueuse et... Bref. Elle parait froide au premier abord, mais je suis sur que vous deviendrez vite amis.  Et enfin, le plus âgé d'entre nous, Urin le Nain. Il est toujurs un eu ronchon, mais quand il parle, ses conseils sont sages et précieux. Et il partage la même aversion que vous au sujet des méchants qui saccagent la nature.

Le barde marqua une petite pause, observant les deux petites créatures qui suçotaient leurs bonbons, puis ajouta :
C'est d'ailleurs pour ça qu'on est là. Pour se débarrasser des méchants. N'est-ce-pas Gawyn ?

-Oh ça oui ! rugit le paladin avant de se radoucir en parlant aux fées. Est-ce que vous avez des informations à nous donner sur le chef de ces méchants ? Tant que nous l'aurons pas t... euh arrêté, les bandits continueront à faie du mal dans cette forêt.

Le paladin essayait de garder la tête froide, mais c'était diffiicile. De véritables fées ! Si seulement Elayne avait pu assister à cet instant. Il se signa tout en adressant une prière aux cieux puis s'assit sur le sol. Cela serait plus facile pour leur parler plutôt que de se casser le dos.

Pour sa part, Weiss avait déjà croisé des créatures féériques, et même s’il savait qu’elles pouvaient être dangereuses, elle ne peut s'empêcher de les trouver mignonnes.

Quand Thom la présenta, elle fit une révérence élégante, même si elle ne savait pas trop quelle était l’étiquette féérique. Elle s'approcha de Pervilash et lui demanda, en s'efforçant de prendre sa voix la plus amicale et douce possible (ce qui constituait un petit exploit pour la jeune magus !) : - Tu peux lancer des sorts n'est-ce-pas ? Moi aussi, si tu veux, je peux te montrer.

Alors que Thom venait de lui tendre une baie juteuse, Tyg répondit la bouche pleine.

La cachette du chef des sales types ? Je ne sais pas où elle est, mais je sais qu'ils ont monté un camp là-bas près de la rivière. Peut-être que vous les avez déjà rencontrés ? J'habite dans la forêt depuis trèèèès longtemps, vous savez ? Je sais aussi qu'il y a une grotte avec un ours bizarre au sud et une fois avec Perry on a trouvé une source chaude qui serait super pour se prélasser mais elle était remplie d'énormes grenouilles dégoutantes qui ont essayé de nous manger. Mais après on peut pas trop vous aider à vous battre contre les méchants, ce n'est pas mon truc, j'aime pas me battre et Perry non plus...

Pervilash, qui suçotait encore son bonbon, hocha la tête pour montrer son accord avec sa compère et se tourna vers Weiss, qui lui avait parlé de magie.

De la magie ? Ben rien de plus normal, je suis un dragon féérique ! Je peux me rendre invisible, faire dormir les gens, fabriquer tout plein d'illusions marrantes et plein d'autres choses encore ! Et toi, tu sais faire quoi ?

Le dragon semblait surexcité de voir un humain faire de la magie et lui tournait autour en voletant de ses ailes de papillon.

Je... euh je peux faire des sorts pour faire apparaître de la glace ou de l'électricité. Ou encore faire briller mon épée. Tout come toi, je connais d'autres sorts mais je ne les ai pas préparés aujourd'hui., en répondit Weiss en rougissant, embarrassée devant l'aplomb de la créature.

Elle s'apprêta à incanter un petit tour de magie lorsque la voix rauque d'Urin résonna derrière eux:
- Ohé, je ne veux pas casser votre charmant petit délire, mais nous devrions partir si nous voulons passer la nuit au comptoir comme prévu.

- Vous avez raison, Urin, nous arrivons ! s'exclama Thom. Il se leva et s'adressa aux fées.Bon mes amis, malheureusement, nous allons devoir vous laisser. Il faut que nous retournons chez Oleg pour prendre un repos bien mérité. Merci beaucoup pour nous avoir fait confiance et j'espère évidemment qu'on se reverra. J'apporterai d'autres cadeaux si vous êtes sages !

Sur ces mots, le groupe prit congé des petites fées et poursuivit son chemin à travers la forêt. Ils parvinrent au comptoir à la tombée de la nuit (juste à temps !).

Gawyn prit Miles avec lui et parla de son cas à Oleg et Kesten Garess. Le tenancier bougon partit dans la remise pour en retirer une armure de cuir qui avait appartenu aux bandits, tandis que l'officier tint personnellement à lui offrir une épée.

J'y tiens mon garçon, insista Kesten devant l'embarras poli du jeune guerrier. A condition bien sûr que tu nous donnes un coup de main au comptoir. Je n'ai pas envie de t'imposer de devenir un soldat, mais j'ai cru comprendre que tu voulais devenir aventurier ? Prends ça comme ta première quête : défendre le Comptoir. Tu es d'accord ?

C'est trop généreux de votre part, messire Garess. Bien sûr que j'accepte ! répondit Miles, ravi. Il se tourna vers Oleg : Je donnerai aussi un coup de main au comptoir, je sais me débrouiller avec des outils.

Oleg haussa les épaules, pas mécontent d'avoir un peu de main d'oeuvre, et retourna à ses occupations.

Voilà une bonne chose de faite, s'exclama Gawyn. Il posa sa main sur l'épaule du jeune homme blond.Je te souhaite bonne chance dans ta nouvelle vie d'aventurier, Miles. Je ne peux pas te demander de nous accompagner, c'est encore trop dangereux pour toi, mais je te promets de t'aider à retrouver ton oncle dès que nous en aurons l'occasion. Et si tu veux, je peux te donner une ou deux leçons d'escrime.