3. Premier jour d'exploration

Après une bonne nuit de sommeil réparateur, le groupe d'explorateurs du Brévoy se réveilla au petit matin, frais et dispos.

Pendant le petit déjeuner, Oleg demanda à Gawyn, qu'il considérait comme le chef du groupe : « Qu'est-ce que vous comptez faire de tous les chevaux ? C'est pas qu'ça m'dérange de les garder et des les nourrir, mais ça représente quand même une dépense supplémentaire.». Les Léveton expliquèrent ensuite que si les aventuriers le voulaient, ils pouvaient s'arranger avec lui pour revendre des marchandises au Brévoy.



Svetlana ajouta : Vous avez assez de rations de voyage ? Nous en avons quelques unes en réserve, si nécessaire. Je peux vous les faire à 5 pièces d'argent chacune.

Gawyn avait passé une très bonne nuit, il était prêt pour vivre une grande aventure.  
Il sourit à ses compagnons, qui, l'espère-t-il, deviendraient ses frères d'armes et ses amis. Il était le premier arrivé et il s'attabla pour le petit-déjeuner.

Oleg avait évoqué ce qu'ils comptaient faire du butin récupéré sur les bandits de la veille. Gawyn prit la parole pour répondre : « Pour ma part, je compte bien en garder un pour mon usage personnel, et je ne crois pas me tromper en disant que ceux de notre groupe qui n'ont pas de monture feront de même. En ce qui concerne le reste du butin, nous avons déjà partagé entre nous ce que nous avions besoin. Nous vous vendrons le reste avec plaisir. »

Il se tourna ensuite vers Svetlana : Quant aux rations, je ne sais pas trop. C'est Mademoiselle Meleager qui s'occupe de gérer nos provisions, je la laisserai nous dire si nous en avons en quantité suffisante..


Weiss, Urin et Thom ne tardèrent pas à rejoindre le paladin dans la grande salle.

Pour une fois, je suis d'accord avec Messire Gawyn, lança la jeune magus. Je suis d'avis que nous récupérions ces montures, nous en aurons grand besoin pour faciliter notre exploration dans les Terres Volées et le transport de nos affaires.

Blake n'avait pas trouvé le sommeil facilement. Pour elle, le combat contre les brigands ne s'était pas bien passé et la jeune femme avait commencé à douter de ses capacités. Etait-elle à la hauteur de ses compagnons, qui étaient tous aussi doués les uns que les autres ?

Elle se leva en trainant les pieds et constata que tout le monde était déjà levé. Thom la mit au courant des propos d'Oleg et elle répondit : Je garderai bien un cheval pour moi également. En ce qui concerne les rations, si mes calculs sont bons, nous disposons d'une semaine de provisions chacun.

Svetlana hocha la tête et lui tendit une délicieuse miche de pain au fromage. Pendant qu'elle mangeait, Blake demanda à la tenancière : Au fait, Svetlana, je dois remettre une missive de la part de Constance Dévine à Breeg Orlivanch, elle m’a dit qu’il passait parfois par ici. Vous sauriez où je peux le trouver ?»

De fait Blake avait fait affaire avec Constance Devine, elle avait notamment supervisé le transport de nombreuses marchandises à destination de la région. Ainsi, lorsqu'elle avait appris que Blake allait s'engager pour faire appliquer la loi des seigneurs de Restov dans les Terres Volées, lui avait-elle demandé de faire porter deux missives à différents destinataires habitant dans cette contrée hostile. L'un d'eux était Breeg Orlivanch, trappeur sans foi ni loi et l'un des plus gros clients de Constance Devine.

Ce bon à rien doit être en train de chasser dans la forêt à l'ouest. Ceci dit, ça fait un petit bout de temps qu'on ne l'a plus vu... répondit Oleg, qui avait entendu la question.

Je vois. Dans la forêt à l'ouest alors... Merci beaucoup Oleg.

Breeg ? releva Urin, intéressé. J'ai déjà entendu parler de ce type. Ses satanés pièges ont apparemment blessé pas mal de chasseurs et de voyageurs. J'aimerais aussi lui dire deux mots...

Oh, je ne connais pas le contenu de la lettre de Mademoiselle Blake, Messire Urin, mais croyez-moi qu'il risque fort de se faire souffler dans les bronches, commenta Weiss sur le ton de la conversation. Quand j'étais à Restov, j'ai eu l'occasion de rencontrer Mme Devine. C'est une remarquable femme d'affaires, qui tient à sa réputation.

Voyant que la discussion s'éternisait sur un sujet insignifiant à ses yeux, Gawyn se racla la gorge :
Excusez-moi mes amis, mais ne pensez-vous pas que le cas de ce Breeg, tout détestable soit-il, est secondaire par rapport à l'affaire des bandits qui nous préoccupe ?

Votre ami chevalier a raison, intervint Oleg. Je n'aime pas particulièrement Breeg mais ce n'est pas lui qui est en train de terroriser la contrée et qui rackette les honnêtes gens, hein ! Vous faites ce que vous voulez, mais à vot'place j'aurais d'autres priorités...

Gawyn serra les poings, ne pouvant qu'approuver les propos du rude tenancier. Il fallait mettre ces bandits hors d'état de nuire sans tarder.

Au fait, si ce n'est pas indiscret, commença Svetlana. Pouvons-vous nous savoir où vous comptez vous rendre aujourd'hui ?

- Dans la forêt des Marches de Narl, par Iomédae ! s'exclama Gawyn avec fougue.

A peu près en même temps, Weiss répondait avec son habituel air suffisant : Dans les collines de l'Est, évidemment, pour commencer à cartographier la zone.

- Il faudrait peut-être commencer par vous mettre d'accord, marmonna Urin dans sa barbe, alors que Thom éclatait de rire sous les yeux étonnés des Lévéton. Personnellement, je veux bien aller n'importe où, je n'ai pas de préférence.

- Et qu'irions-nous faire à l'Est, Mademoiselle Schnee ? demanda Gawyn, avec une pointe d'agacement dans la voix.

- Et bien, comme je l'ai dit hier, rétorqua-t-elle froidement et en détachant chaque mot, Nous ferions mieux d'explorer la plaine avant de chercher à nous enfoncer dans la forêt, à la merci d'une embuscade des brigands. Lorsque nous nous serons habitués à la région, nous pourrons alors envisager une attaque, dûment préparée.

- Autant dire dans un mois, si on vous écoute. Vous êtes une épéiste de talent, je ne vous pensais pas si timorée !

- Je suis peut-être timorée comme vous dites, mais moi je réfléchis, je ne fonce pas sur tout ce qui bouge.

Sur ces mots durs, Weiss décida alors de ne plus adresser la parole au paladin et lui tourna ostensiblement le dos lorsqu'elle demanda à Oleg :

- Vous semblez bien connaitre la région, savez-vous si il y a d'autres habitations isolées, par ici ? Peut-être que nous pourrions trouver des alliés de circonstance par ici. Ils pourraient nous guider dans ces terres hostiles ou au moins nous avertir des mouvements des brigands, par exemple...

- Ben, y'a bien la hutte du vieux Bokken à une bonne journée de marche à l'est, répondit Oleg en se grattant la tête. Sinon, désolé de vous decevoir, mais y'a pas vraiment de communautés dans le coin. Y'a des trappeurs, bien sûr, mais ils ne restent pas souvent au même endroit.

- Je vois. Nous ferions bien d'aller rendre visite à ce Bokken pour commencer, répondit Weiss, pensive. Ah, j'oubliais, je me souviens que vous attendiez la visite des gardes de Restov, quand pensez-vous qu'ils arriveront ? Je n'aime pas trop l'idée de laisser le comptoir sans surveillance pendant notre absence...

Oleh haussa les épaules : - Dans quelques jours, tout au plus.

- Je vous remercie Oleg.

L'héritière des Schnee se tourna alors vers ses camarades, tout en continuant d'ignorer Gawyn :
- Vu que nous sommes en désaccord, je soumets ma proposition au vote. Qui est partant pour l'exploration du territoire situé un peu à l'est d'ici ? Une fois que nous atteindrons la cabane de ce Bokken, nous retournerons au comptoir, puis nous pourrons envisager d'aller repérer la lisière de la forêt.

Après avoir observé ses compagnons, Thom leva la main puis s'inclina avec un sourire charmeur : - Je suis avec vous, Dame Schnee. Je trouve que c'est une bonne entrée en matière avant de déguster le plat principal. J'ai hâte de faire la connaissance de ce brave Bokken !

Weiss poursuivit, toujours sans regarder Gawyn : - Et qui se range à la proposition de Messire Damodred, c'est-à-dire de se rendre sans plus tarder dans la forêt pour débusquer les brigands ?

Cette fois, ce fut Blake qui leva la main, timidement.
- Messire Gawyn a raison, je pense aussi que nous devons d'abord nous occuper des brigands.  Une fois débarrassés d'eux, nous pourrons alors faire notre exploration l'esprit tranquille.

Egalité parfaite, tous les regards se tournèrent vers Urin, qui soupira :
- Au lieu de vous chamailler comme des gamins, vous n'avez qu'à faire deux groupes. L'un ira en repérage dans la forêt tandis que le second ira voir ce Bokken. Je vais accompagner notre ami paladin dans la forêt pour éviter qu'il ne fasse de bêtises.

- La voix de la raison ! Il parle peu mais il parle d'or. s'exclama Thom en donnant une bourrade amicale au nain.

- Faisons comme cela, c'est mieux que rien., finit par approuver Gawyn. J'aurais préféré qu'on aille les attaquer dès aujourd'hui, mais commencer à explorer la forêt et repérer le terrain me convient aussi.

- C'est insensé, Messire Urin ! objecta Weiss. Nous séparer est une très mauvaise idée. Qu'en est-il de la cohésion de notre groupe ? Nous sommes encore inexpérimentés, ce n'est pas le moment de nous désunir au beau milieu de ces terres hostiles !

- C'est vous qui ne voulez pas suivre la majorité, fit remarquer Gawyn avec un sourire amusé. Mais tout n'est pas perdu, vous pouvez encore changer d'avis.

Mais Weiss ne changea pas d'avis et les deux groupes ainsi formés se préparèrent pour leur première journée d'exploration, en ce 3ème jour de Pharast qui s'annonçait radieux.

Le premier groupe, composé de Gawyn, Blake et Urin, se dirigerait vers le sud-ouest en prenant la direction de la lisière de la forêt, en suivant la piste par où les brigands de Happs Bydon étaient venus.

Le second groupe, composé de Weiss et Thom irait de son coté dans la direction de l'est, pour rendre visite au fameux Bokken. Ils en profiteraient pour cartographier les régions traversées et Weiss avait prévu que l'aller-retour lui prendrait environ trois à quatre jours. C'est ce qu'elle fit comprendre à Gawyn, en lui interdisant de s'enfoncer trop profondément dans la foret. Une fois la piste des brigands repérée, ils devaient ensuite revenir au comptoir pour réfléchir à un plan d'action.

- Puisque vous allez dans la forêt des Narlmarches, faites attention aux tatzlwyrms qui rôdent dans les bois, lança Oleg à Gawyn, alors qu'il s'éloignait à cheval.

- Des tatzlwyrms ? Vous pouvez m'en dire plus, Oleg ? demanda le paladin, inquiet.

- Oh, Erastil m'en préserve, j'ai jamais rencontré une de ces horribles bestioles. On raconte qu'il s'agirait d'anciens dragons et que ce sont des prédateurs mortellement dangereux. Enfin, tout ça, c'est peut-être que des fichus racontars de trappeurs. Ceci dit, si vous en croisez un et que vous ramenez sa peau, je suis certain de pouvoir vous en faire un très bon prix !

- Nous serons prudents, rassurez-vous !


Et c'est sur ces propos peu rassurants que les aventuriers se séparèrent et prirent chacun leur destination respective, en souhaitant malgré les rancoeurs et les disputes, que tout se passe bien pour l'autre groupe.